Depuis plus de 10 ans, le club d’airsoft des Montagnes neuchâteloises pratique ses activités en extérieur. Ses membres ont aménagé en toute légalité un terrain de jeu au cœur d’une forêt privée. Le Canton réfléchit à mieux encadrer les manifestations et activités en milieu naturel
La pratique de l’airsoft en milieu naturel est-elle acceptable ? L’airsoft, c’est un jeu d’équipe qui ressemble un peu au paintball. Lors de combats organisés, les participants utilisent des répliques d’arme à feu qui tirent des petites billes en plastique ou biodégradables. Le but : élaborer et mettre en pratique des tactiques pour éliminer ses adversaires et atteindre des objectifs donnés.
L’activité se déroule depuis 2010 sur une parcelle de forêt privée, à l’est du territoire de la commune du Locle. Sur le terrain, parmi les arbres, des baraquements en bois ont été érigés, certains avec une plate-forme. Des sacs de sable empilés forment des murs et le tout est complété par diverses constructions représentant ici un char, là un hélicoptère. Et, disséminées sur le sol, des milliers de petites billes. C’est là que se retrouvent tous les quinze jours environ les membres du club d’airsoft des Montagnes neuchâteloises.
Autorisations
La pratique de l’airsoft en plein air nécessite des autorisations. Elles ont été obtenues, nous confirment l’ingénieur forestier cantonal et le président du club des Montagnes neuchâteloises.
Contacté, le propriétaire de la parcelle nous annonce d’emblée qu’il prête volontiers sa forêt au club. Leurs assurances sont en règle, ajoute-t-il. Il glisse au passage que cette parcelle est l’une des plus propres de la région. « Si vous étiez venu il y a un mois et demi, il n’y avait pas un chenit », argumente-t-il. Mais voilà, la tempête du 24 juillet est entre-temps passée par là, disséminant des nuées de billes de six millimètres de diamètre.
« Elles sont biodégradables. Fabriquées à partir de fécule de maïs ou de pomme de terre compressée, elles se désagrègent en 6 mois », assure Frédéric Matthey, le président du club.
La faune et la flore
Chargée d’affaires à Pro Natura Neuchâtel, Gaëlle Vadi n’en est pas moins dubitative. « Ces billes peuvent être avalées par des petits animaux. Tout ce qui est apport de matériaux en forêt ce n’est pas forcément une bonne chose », explique-t-elle. Dans l’idéal, il faudrait un cadre horaire et un cadre saisonnier pour ne pas déranger la faune.
Si, au début, le club d’airsoft des Montagnes neuchâteloises organisait des parties nocturnes, le concept a vite été abandonné. « On a remarqué qu’il y avait pas mal de vie nocturne chez les animaux. On ne voulait pas les blesser », explique le président.
Quant à la saisonnalité, la question s’est réglée d'elle-même : les répliques d’armes utilisées supportent mal le froid. « En dessous de 5 degrés, on ne joue pas », précise le président. Et quand il neige, « avec les trous, les cailloux et les branches camouflés par la neige, ça devient dangereux ». La forêt reste donc silencieuse durant les mois d’hiver. Avant de ranger leurs armes factices pour la mauvaise saison, les membres du club procèdent au nettoyage du terrain. Les billes sont notamment retirées du sol avec un aspirateur à cendres, assure Frédéric Matthey.
Réglementation
La réglementation pour pratiquer l’airsoft en extérieur est stricte. Le terrain doit appartenir à un privé. Aucune collectivité publique ne peut prêter ou louer une parcelle pour ce genre d’activité. Il faut ensuite demander des autorisations, passer par le garde forestier et le garde-faune. Un site a été interdit à la Brévine, parce qu’un grand tétras y vivait, explique Frédéric Matthey.
Ensuite, il faut déposer une demande au bureau des armes de la police. Si tout est en règle, le club est enregistré. Pour chaque partie organisée en forêt, environ une fois tous les quinze jours, la Police cantonale doit être tenue au courant du lieu, du jour et des heures de début et de fin de l’activité.
L'Etat mène actuellement une réflexion afin de définir un cadre pour l’ensemble des manifestations ou activités qui se déroulent en milieux naturels. Il s’agit de s’assurer que les principes de bases des législations concernées sont respectés, explique l’ingénieur forestier cantonal.
Pour certaines de ces activités, la délivrance d’une autorisation est envisagée même si le propriétaire concerné a donné son accord préalable, ajoute-t-il. /cwi