Deux chercheurs de l’Institut de biologie de l’Université de Neuchâtel ont contribué à un ouvrage collectif dédié aux plantes soignantes. Celui-ci explore de manière approfondie l'histoire des molécules d’origine végétale bénéfiques pour la santé humaine
L'homme utilise les plantes pour se soigner depuis des temps immémoriaux. Mais ce n'est qu'au 18e siècle que la science a commencé à révéler le secret de leur pouvoir guérisseur : les principes actifs. Sous la direction de Blaise Mulhauser, directeur du Jardin botanique de Neuchâtel, un livre collectif interdisciplinaire intitulé « Plantes soignantes » a été publié récemment. Dans cet ouvrage, deux chercheurs en biologie de l'Université de Neuchâtel (UniNE), Emmanuel Defossez et Sergio Rasmann, ont tracé les grandes étapes de cette quête, laissant entrevoir un potentiel encore largement inexploré.
Dans un communiqué, le professeur de biologie et directeur du Laboratoire d'écologie fonctionnelle, Sergio Rasmann, explique que leur approche consistait à comprendre comment l'homme a réussi, à travers les époques, à isoler et identifier les composés chimiques des plantes qui présentent un intérêt médical.
Emmanuel Defossez, maître-assistant au Laboratoire d'écologie fonctionnelle, souligne trois étapes fondamentales ayant conduit à l'identification des substances médicalement intéressantes. D'abord, à la Renaissance, la quête alchimique, bien qu'ancrée dans une approche plus mystique que scientifique, a ouvert la voie à la description moléculaire du vivant. Puis, grâce aux travaux du chimiste français Antoine-Laurent de Lavoisier, les premiers liens entre les propriétés curatives des plantes et leurs principes actifs ont été établis.Toutefois, c'est l'isolement de la morphine en tant que molécule qui marque le véritable tournant vers une méthodologie scientifique moderne.
Emmanuel Defossez, maître-assistant à l’UniNE
Malgré ces progrès, notre connaissance des molécules médicinales reste limitée, avec seulement 0,02% de la diversité totale identifiée, selon Emmanuel Defossez. Pour explorer les 99,98% restants, la recherche compte désormais sur les avancées technologiques liées à l'apprentissage automatique (machine learning).
Emmanuel Defossez ajoute que la caractérisation de la diversité chimique globale est l'une des principales thématiques de recherche, en collaboration avec Pierre-Marie Allard de l'Université de Fribourg. Il fait notamment référence au « Digital Botanical Gardens Initiative », un projet libre qui vise à mettre à disposition des données sur la composition des espèces végétales. Il devrait également servir à la conservation des plantes, avec notamment une participation financière des entreprises pharmaceutiques lors de l’utilisation d’une molécule particulière.
Emmanuel Defossez, maître-assistant à l’UniNE
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