La médecine scolaire au coeur d'un procès d'abus sexuels

Un médecin scolaire, accusé d'actes sexuels sur quatre élèves d'environ 15 ans du Val-de-Ruz ...
La médecine scolaire au coeur d'un procès d'abus sexuels

Le médecin, accusé d'actes sexuels sur des élèves, a nié les faits

Photo: KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI

Un médecin scolaire, accusé d'actes sexuels sur quatre élèves d'environ 15 ans du Val-de-Ruz, a nié les faits jeudi devant le tribunal à La Chaux-de-Fonds. Selon lui, ses gestes ont été mal interprétés. Le rôle de la médecine scolaire a été questionné.

« Ces accusations sont des mensonges. Il est toutefois possible que les victimes aient été mal à l'aise d'être auscultées par un médecin qu'elles ne connaissaient pas », a déclaré le prévenu. « Je n'aurais pas pratiqué différemment s'il y avait eu un tiers lors de la consultation », a-t-il ajouté.

« Un contrôle médical imposé par l'école n'est pas confortable », a précisé Valérie Maurer, avocate de la défense. Les adolescentes ont entendu des rumeurs, y compris sur les réseaux sociaux, sur le médecin scolaire avant d'aller en consultation.

« Les jeunes se sont concertés avant et après et se sont fait mousser », a ajouté Valérie Maurer. Selon elle, les trois jeunes filles ont interprété tous les gestes du médecin de façon déplacée. L'accusé a d'ailleurs déposé plainte pour dénonciation calomnieuse.

La partie plaignante a un autre avis. « Les victimes n'avaient aucune volonté d'en vouloir au médecin, de se venger ou d'en tirer un avantage financier », a déclaré Nicolas Bornand, avocat d'une adolescente. Leurs déclarations sont « crédibles », surtout que les adolescentes n'étaient pas amies, pas dans la même classe et n'avaient pas de raisons de se concerter.

Palper jusqu'où ?

Les victimes « ont décrit les faits de manière spontanée, claire, cohérente et précise », a ajouté l'avocat. Selon la partie plaignante, « il n'y a pas d'invention et elles n'ont pas été influencées ».

Lors de son audition, le médecin a expliqué qu'il a effectué l'examen complet requis à l'âge de 14 ans. Celui-ci nécessite notamment de palper le bas du ventre pour vérifier qu'il n'y a pas de masse tumorale et faire une auscultation cardiaque, proche de la poitrine, avec un stéthoscope.

Les victimes ont accusé le médecin d'avoir palpé leurs seins avec insistance avec ses doigts, et pas avec un stéthoscope, en les passant sous le t-shirt. Elles lui reprochent aussi d'avoir baissé d'un coup leur pantalon pour palper le bas-ventre, parfois jusqu'au pubis.

Le praticien aurait aussi collé ses fesses contre elles pendant l'auscultation de la colonne vertébrale et aurait eu une érection de son sexe.

Un jeune homme fait aussi partie des victimes. Il a affirmé avoir subi des attouchements, proches de son pénis lors d'une consultation, à la suite d'une blessure à la hanche, qui l'empêchait de faire la gym. Le praticien a déclaré qu'il fallait palper l'endroit douloureux, vers l'aine, pour vérifier s'il n'y avait pas de fracture osseuse de l'os iliaque.

La procureure Sylvie Favre, absente au procès, a édicté une ordonnance pénale condamnant le médecin à 180 jours-amende à 150 francs, soit 27'000 francs, assortis d’un sursis de deux ans. Une indemnité pour tort moral de 500 francs est réclamée par une victime.

Médecine scolaire compliquée

Interrogé comme témoin, Timothy Hirter, qui exerce comme médecin scolaire dans un centre, a expliqué que la médecine scolaire est vue de manière intrusive par les élèves, qui y sont convoqués. « L'examen d'adolescents en dehors d'un cadre de confiance est compliqué pour les deux parties. J'ai dû adapter ma pratique car je sentais cette situation de malaise. Je fais donc moins et donc probablement moins bien ».

De son côté, la cheffe du service de pédiatrie du Réseau hospitalier neuchâtelois, Laurence Racine, a déclaré qu'elle n'avait jamais eu de doutes sur la pratique médicale de son collègue. Quand elle a été avertie de la situation, elle a vérifié qu'il n'y avait pas eu de plaintes contre lui et a ensuite informé le médecin cantonal pour qu'il se détermine sur la suite de la procédure.

Ce dernier a laissé au pédiatre le droit de pratiquer dans son cabinet et à l'hôpital, en attente du jugement. Les faits incriminés ont eu lieu en novembre 2021. Le pédiatre n'exerce plus depuis dans le Centre scolaire du Val-de-Ruz.

Le Tribunal régional des Montagnes et du Val-de-Ruz rendra son verdict le 1er juin à 14h. /ATS

 

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