Greubel Forsey se situe à un moment-clé de son évolution. La manufacture horlogère du Crêt-du-Locle traverse en ce moment une transformation sur plusieurs plans.
Une extension de son bâtiment pour commencer, qui va passer d’une surface de 2'000 à plus de 5'000 mètres carrés. Elle a acquis trois terrains adjacents à ses locaux actuels, qui vont être agrandis et réaménagés. Un investissement qui se chiffre à plusieurs dizaines de millions de francs pour un chantier qui doit démarrer début 2024 : une manière de commémorer les vingt ans de la marque.
Comme l’explique le CEO de Greubel Forsey, Antonio Calce, la métamorphose devrait durer environ 18 mois, pendant lesquels la manufacture ne va pas suspendre sa production, ni faire de compromis au sujet de ses méthodes de travail : au contraire, le maintien de la qualité fait partie des priorités de la direction.
Déjà des aménagements
L’entreprise ne va d’ailleurs pas attendre de couper le ruban de son nouveau bâtiment pour entamer sa métamorphose. Elle a déjà commencé à recruter de nouveaux professionnels et à développer de nouveaux métiers afin d’assurer la pérennité de la marque. Avant la clôture du chantier, ceux-ci travailleront dans des locaux situés à proximité du siège de Greubel Forsey ou dans des ateliers temporaires, aménagés dans l’actuel parking souterrain.
« On ne va pas attendre le nouveau bâtiment pour pouvoir atteindre cet objectif de maturité »
Greubel Forsey compte actuellement près de 140 collaborateurs.
Autre évolution : la marque se repositionne en augmentant sa production et en réduisant son prix moyen, qui va tout de même rester dans une fourchette à six chiffres. En quelques années, elle compte être passée d’une centaine de montres produites par année à plus de 400 garde-temps. Pour ses responsables, il est crucial que cette évolution ne se fasse pas en sacrifiant la qualité qui fait sa réputation.
« Nous devons travailler dans un nouveau segment de prix »
La conquête de l'indépendance
Ces projets, en cours de réalisation, font suite à un changement de taille dans l’histoire de l’entreprise. En 2022, elle a obtenu son indépendance en rachetant l’ensemble de son capital. Le groupe de luxe genevois Richemont en détenait 20% depuis 2006. Désormais, la marque est entièrement entre les mains de ses cofondateurs Robert Greubel et Stephen Forsey, et ceux de son CEO Antonio Calce.
« Je parlerais d’évolution naturelle d’un atelier manufacture »
La direction de Greubel Forsey se dit très attachée à La Chaux-de-Fonds. Le siège de l’entreprise se situe d’ailleurs dans une ancienne ferme transformée du 18e siècle. Elle dit ne pas avoir envisagé de quitter la région, mais les perturbations causées par le futur chantier du contournement de La Chaux-de-Fonds ont suscité quelques inquiétudes et un dialogue nourri avec les autorités, avant d’aboutir à certaines garanties. /jhi