Le canton de Neuchâtel a enregistré une hausse de 4% des infractions en 2022. Une minorité de requérants hébergés au centre fédéral d'accueil de Boudry contribue à une large part des infractions
Neuchâtel et Boudry sont les deux communes présentant le plus d’infractions en 2022. C’est le constat qui ressort des chiffres de la criminalité du canton de Neuchâtel présentés ce lundi. La présence du centre fédéral d’asile de Perreux n’y serait pas étrangère, selon les autorités neuchâteloises. Elles ont donc fait le choix de consacrer une conférence de presse cette thématique sécuritaire.
« Cette problématique touche de très près la population et a été fortement débattue ces derniers temps. Il est donc important pour nous de parler des chiffres sans tabou et de mettre en lumière l'activité de la police en lien avec ces phénomènes », a expliqué le conseiller d'Etat Alain Ribaux, chef du Département de la sécurité, devant les médias.
Pour rappel, les nombreuses incivilités d'une minorité de requérants créent un climat anxiogène dont se plaignent les habitants des environs du centre de Boudry et de la ville de Neuchâtel. Les députés ont demandé dans une recommandation urgente d'engager les ressources et mesures nécessaires en termes d'accompagnement et de sécurité, en collaboration avec les autorités communales et fédérales.
Alain Ribaux, rappelle que cette situation est en partie due à la surcharge que le site a connue cet hiver, avec des pics de 900 personnes. A l’origine, le centre ne pouvait en accueillir que 480, avant de passer à 684 grâce à la location d’un bâtiment supplémentaire. Aujourd’hui, le nombre de requérants d’asile est redescendu sous la barre des 500, selon le conseiller d’Etat.
Alain Ribaux, chef du Département de la sécurité
Alain Ribaux précise que le message est désormais passé auprès de la Confédération pour que ces surcharges ne se reproduisent plus. Il pourra d’ailleurs s’en assurer, puisqu’une visite d’Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale en charge du Département de justice et police, est programmée prochainement à Perreux.
Une minorité, mais prolifique
Du côté de la Police neuchâteloise, on constate ces chiffres et des moyens sont mis en place pour lutter contre cette délinquance. Pour le commandant des forces de l’ordre, Pascal Lüthi, «ce sentiment d'insécurité est objectif, car on a bien un phénomène à traiter, et un phénomène croissant ».
Sur les 13'600 infractions commises en 2022 sur l'ensemble du canton, 2931 ont été commises sur le Littoral. Parmi elles, la part des infractions avec auteur connu imputées à des auteurs de type requérants d'asile s'élève à 48%, dont 38% des auteurs provenant du centre de Boudry.
« Mais les chiffres ne disent pas tout du message que l'on peut tirer des statistiques. Je tiens à préciser que si ces chiffres sont effectivement élevés, nous avons en fait affaire à un très petit nombre d'auteurs extrêmement prolifiques », souligne Pascal Lüthi. Et de relever que « 97% des requérants hébergés à Boudry n'ont rien à voir avec le moindre aspect de criminalité ».
Pascal Lüthi, commandant de la Police neuchâteloise
L’objectif de la police est d’accroître sa présence près du site, mais aussi dans Boudry et sur la ligne de tram, ainsi qu’à son arrivée à la Place Pury de Neuchâtel. Une présence que la police espère dissuasive, mais aussi sécurisante pour la population. A noter que le Canton a dernièrement octroyé cinq équivalents pleins temps supplémentaires à la Police neuchâteloise pour lutter contre cette problématique.
La justice mise sur la rapidité
Pour améliorer la situation sécuritaire aux abords du centre de Boudry, les autorités prennent des mesures « à tous les étages ». Pour lutter contre cette délinquance, le Ministère public joue la carte de la rapidité avec l’émission d’ordonnances pénales. Une procédure accélérée qui se fait en 24 heures environ.
Pierre Aubert, procureur général
Reste que cette méthode à son revers, principalement statistique. Elle ne permet pas de prononcer d’expulsion du territoire. Un fait parfois reproché à Neuchâtel, puisqu’il est l’un des cantons prononçant le moins d’expulsions en Suisse. Pour Pierre Aubert, la solution retenue est cependant la seule qui produit des résultats. Selon lui, les expulsions ne pourraient de toute façon pas être effectives, les visés disparaissant avant la fin des longues procédures. Il fallait donc choisir entre les statistiques ou les résultats. /ATS-rgi