Le Conseil communal de Boudry a fait un point de situation concernant la sécurité au centre de requérants d’asile. Son rapport est à l’ordre du jour de la séance du Conseil général du 20 février
« Ça devient lourd pour la population, qui fatigue ». Pour le conseiller communal de Boudry, Gilles de Reynier, les incivilités de quelques occupants du Centre fédéral pour requérants d’asile de Perreux provoquent un ras-le-bol chez certains habitants. L’exécutif a dressé un état des lieux de la situation dans un rapport d’information qui figure à l’ordre du jour de la séance du Conseil général du 20 février, en réponse à une motion du groupe PLR.
Il en ressort que la situation reste préoccupante. Le centre compte officiellement 684 places depuis mars 2022, mais la fréquentation est montée au-delà de 900 personnes par moment l’an dernier, ce qui a engendré « des tensions et des problèmes », selon le rapport.
Face à cela, le Conseil d’État neuchâtelois aurait adressé une lettre à la Confédération pour réclamer davantage de moyens en matière d’encadrement et de sécurité. Sans engagement complémentaire fédéral, la prolongation des baux au-delà de 2033 pourrait être remise en question, indique le rapport boudrysan. Sollicité, le Canton n’a pour l’heure pas confirmé ces éléments. Le gouvernement cantonal est en effet propriétaire des bâtiments mis à la disposition du Secrétariat d’État aux migrations.
Sur le plan sécuritaire, le texte évoque des incivilités et des actes délictueux en hausse depuis 2017 sous forme de vols dans les habitations proches du centre, dans les transports publics et sur le chemin emprunté par les requérants d’asile pour revenir à Perreux depuis le terminus du tram. Les statistiques policières confirment cette tendance à la hausse, selon le porte-parole de la Police neuchâteloise Georges-André Lozouet.
L’association Bien vivre à Boudry le constate également. Les dommages à la propriété sont une réalité, de même qu’une forme de harcèlement des jeunes filles dans les transports publics, selon ses membres, qui évoquent aussi la présence de groupes d’hommes souvent alcoolisés se promenant de nuit dans la commune.
Une « vraie problématique » pour la Police neuchâteloise
Des événements plus conséquents ont également mobilisé à trois reprises une vingtaine de policiers sur le site de Perreux pour des rixes en novembre et décembre dernier. Le porte-parole de la Police neuchâteloise Georges-André Lozouet précise que la sécurité a en tout temps été assurée dans le reste du canton, même lors de ces épisodes. Il ajoute qu’en moyenne une quinzaine d’individus posent de multiples problèmes par mois, certains étant toutefois frappés d’une non-entrée en matière dans leur procédure d’asile, mais restant dans la région de manière irrégulière.
Georges-André Lozouet précise que cette délinquance s’observe aujourd’hui davantage au centre-ville de Neuchâtel qu’aux abords du centre de Perreux. C’est une vraie problématique selon lui, qui prend la forme de vols à l’étalage, à l’arraché ou dans des véhicules notamment.
Selon le Conseil communal de Boudry, le centre spécifique des Verrières, dédié aux personnes particulièrement récalcitrantes, « n’a pas l’effet dissuasif espéré ».
Parmi les solutions esquissées pour l’avenir, la Commune évoque le fait d’exiger de la Confédération « qu’elle renforce les patrouilles extérieures et qu’elle intensifie les programmes d’occupation ».
Les autorités de Boudry ont d’ores et déjà engagé un agent de sécurité supplémentaire à 60% qui doit entrer en fonction le 1er mars. Selon Gilles de Reynier, il faut des personnes sur le terrain aux heures critiques pour avoir un effet dissuasif.
Pour l’exécutif communal, la Confédération doit prendre des mesures supplémentaires. Sans quoi, il invite le Canton à faire pression pour que la location du site de Perreux ne se prolonge pas au-delà de 2033.
De son côté, l’association Bien vivre à Boudry déplore le manque de transparence des autorités sur cette question des baux. Elle a pour projet de réunir le monde politique et la population au mois de mars pour évoquer ces problématiques ; une volonté affichée par la Commune également. L’association évoque une forme de crispation du voisinage et redoute que certains citoyens finissent par faire justice eux-mêmes. /sbe