Abus sexuels : le doute profitera-t-il encore une fois à l’accusé ?

Après une journée d’audience, les interrogations sont nombreuses autour des accusations d'actes ...
Abus sexuels : le doute profitera-t-il encore une fois à l’accusé ?

Après une journée d’audience, les interrogations sont nombreuses autour des accusations d'actes d'ordre sexuel sur des enfants potentiellement commis par un avocat neuchâtelois. L'homme nie les faits, alors que les plaignants se rejoignent sur leurs déboires

L'accusé, proches des milieux du football, entraînait des juniors de l'Association Foot La Chaux-de-Fonds Formation.  L'accusé, proches des milieux du football, entraînait des juniors de l'Association Foot La Chaux-de-Fonds Formation. 

Deux des trois victimes de potentiels actes d'ordre sexuel sur enfants ont été entendues ce lundi par le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers, à Boudry. Il s'agissait du premier jour d'un procès visant un avocat neuchâtelois proche des milieux du football. L'accusé avait déjà été confronté à la justice par le passé dans une affaire du même ordre, mais avait finalement été acquitté. Cette fois, les faits reprochés vont plus loin, mais l’absence de preuve pourrait encore lui profiter.


Figure paternelle

Les trois plaignants ont un parcours assez semblable. Après avoir rencontré le prévenu dans le cadre du football, ce dernier est petit à petit devenu une figure paternelle, les aidant à surmonter leurs difficultés scolaires, puis leur proposant de travailler pour lui dans son étude. Recevant des cadeaux de toutes sortes, ils sont notamment régulièrement emmenés à travers l'Europe pour assister à des matches de football. Fort de son emprise, le prévenu aurait alors procédé à plusieurs actes délictueux, obligeant les jeunes garçons à prendre des douches devant lui à son étude, les savonnant parfois, puis les séchant.

Pour s'assurer que ses victimes ne se droguaient pas, l'accusé leur aurait régulièrement fait passer des contrôles d'urine, souvent nus. Ils les auraient également fait dormir sur place, parfois nus. Une victime a raconté qu'elle devait laisser le prévenu poser sa main sur son sexe, cela comme punition pour des erreurs commises dans la journée.

Selon les plaignants, les punitions prenaient justement souvent un caractère sexuel. Les jeunes garçons devaient par exemple se déshabiller devant l'accusé quand ils n'effectuaient pas une tâche correctement. Ils étaient finalement réduits à l'état de peluche ou de poupée selon l'acte d'accusation.


Le prévenu réfute les accusations

L’accusé a été entendu environ deux heures ce lundi, une audience qui reprendra mardi. L’homme a tout d’abord tenu à mettre en avant son caractère généreux, se décrivant comme quelqu’un qui veut toujours aider les autres. S'il reconnaît avoir eu une proximité relationnelle avec les plaignants, il conteste tous les faits délictueux reprochés, disant être effaré par ces propos. Il a également dit se sentir blessé et trahi.

Jamais selon lui, il n’y a eu de punitions autres qu’écrites. Si des tests d’urine ont bien été faits à de rares occasions, c’était toujours d’entente avec les victimes. Et s’il reconnaît avoir aidé un plaignant à se doucher, c’était à la demande de la victime, alors qu’elle avait le pouce blessé. Il explique aussi différents massages ou prises de mesures comme étant des demandes d’une victime ou dans le cadre d’un programme sportif. Enfin, quant au fait que les jeunes dormaient chez lui, il le reconnaît, mais il a expliqué avoir toujours dormi dans une autre pièce.

Au final et selon lui, les victimes auraient toutes menti. Cela dans l’objectif de trouver une excuse pour arrêter leur stage.


Des témoins qui relativisent

Deux témoins ont également été entendus lors de cette première journée d’audience. La femme du prévenu, ainsi qu’un jeune employé de l'accusé. Si l'épouse a appuyé sur le fait que son mari n'avait rien à se reprocher, l'autre témoignage donnait des airs de déjà-vu. Ce dernier a parlé de sa relation avec le prévenu qui n'avait rien de problématique, louant son aide et préférant pointer du doigt le travail des enquêteurs. Un policier, lors d’un premier contact téléphonique, aurait été passablement insistant dans ses questions, « comme s’il voulait changer la vérité », a-t-il expliqué.

Un moment de trouble dans la salle d’audience qui n'est pas sans rappeler la première affaire qui avait concerné l'accusé. A l’époque, la défense avait déjà pu s’appuyer sur le témoignage d'un homme providentiel qui relativisait les propos des plaignants. Ce lundi, la stratégie semblait être la même, les avocats du prévenu s’offusquant des méthodes dudit policier et s’assurant que tous les propos du témoin soient correctement notifiés. Ils n’ont pas manqué également de pointer du doigt les incohérences de dates et de comportements des plaignants.

Ces derniers ont-ils donc joué sur l’étiquette du prévenu pour parvenir à leur fin ou sont-ils victimes d’un prédateur sexuel ? Sans preuve concrète, la similitude dans la méthode et les faits reprochés suffira-t-elle à faire pencher la balance ou le doute profitera-t-il encore une fois à l’accusé ? Ce sera au tribunal de trancher. Les plaidoiries se tiendront ce mardi, alors que le jugement sera prononcé le 22 décembre. /rgi


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