Près de la moitié de la population mondiale vit dans de mauvaises conditions d’assainissement, rappelle l’ONU. Dans la région, la qualité des eaux souterraines est bonne, mais les risques de contamination existent
Les toilettes, ce n’est pas un sujet de conversation très prisé en société. Et pourtant, les enjeux autour des eaux usées sont énormes. L’ONU a célébré samedi la journée mondiale des toilettes, qui vise à mettre en lumière les problématiques d’assainissement des eaux souterraines. Dans le monde, 3,6 milliards de personnes ne bénéficient pas de systèmes d’épuration de qualité, ce qui affecte leur santé et dégrade l’environnement. « Si on n’a pas de bonnes toilettes, on ne peut pas non plus avoir de l’eau potable de bonne qualité », souligne Daniel Hunkeler, professeur au centre d’hydrogéologie et de géothermie de l’Université de Neuchâtel. Raison pour laquelle l’ONU a fixé l’objectif « assainissement et eau potable pour tous d’ici à 2030 ».
La matière fécale est une source de pollution majeure, explique Daniel Hunkeler
En Suisse, les stations d’épuration sont très performantes et la qualité des eaux souterraines est globalement bonne. Mais des risques de contamination existent, notamment en raison de l’agriculture et des déjections fécales des animaux qui terminent parfois dans l’eau. « Dans le Jura, les risques de contamination sont plus élevés en raison des sols karstiques, explique Daniel Hunkeler. La filtration naturelle est moins efficace que dans du sable ».
Le danger de contamination des eaux dans la région augmente avec le réchauffement climatique
Pour faire face à cette problématique, le centre d’hydrogéologie et de géothermie de l’Université de Neuchâtel développe des technologies qui permettent d’analyser les bactéries présentes dans les eaux souterraines en temps réel. « Cela nous permet d’optimiser les stratégies de protection », se réjouit Daniel Hunkeler. Étudier les eaux usées permet aussi de récolter toutes sortes d’indices sur une société, comme la charge virale du Covid-19, la présence de drogues ou encore la consommation de sucres artificiels.
Grâce à des technologies suisses, les bactéries peuvent être comptées toutes les 10 minutes
Daniel Hunkeler estime que les enjeux des toilettes doivent être reliés avec d’autres grands défis pour la société. Les matières secrétées par le corps humain peuvent être revalorisées. L’urine, par exemple, pourrait constituer une source d’azote pour l’agriculture. Comme quoi, même le contenu de nos toilettes peut devenir précieux. /ara