Le taux hypothécaire de référence pourrait être relevé par deux fois l’an prochain, estime l’UBS. Une situation qui suscite des questions tant du côté des propriétaires que des locataires neuchâtelois
Le relèvement du taux hypothécaire pourrait coûter cher aux locataires en 2023. Selon une étude de l’UBS publiée lundi, l’Office fédéral du logement devrait relever par deux fois de 25 points le taux de référence, en mars puis en septembre. L’an prochain, tous les établissements financiers vont relever leur taux hypothécaire. En conséquence, le taux de référence aujourd’hui fixé à 1,25% pourrait grimper jusqu’à 1,75%. Les propriétaires seraient alors en droit d’exiger jusqu’à 6% de loyers en plus.
La section neuchâteloise de l’Association de défense des locataires (ASLOCA) et la Chambre immobilière neuchâteloise (CIN) précisent que cette éventuelle hausse ce ne serait pas systématique. Seuls les locataires qui ont conclu un bail récemment avec un taux de référence à 1,25% et ceux qui ont demandé des adaptations systématiques au cours des dernières années risqueraient une augmentation de loyer.
Au cas par cas
Ces prévisions de l’UBS ont toutefois tendance à fâcher l’Asloca. « Ces dix à quinze dernières années, on a eu d’autres études, notamment de la Raiffeisen, qui ont démontré que les propriétaires et les bailleurs ont perçu beaucoup trop de loyers par rapport à ce qu’ils devaient », rapporte Jonathan Gretillat, président de l’Asloca neuchâteloise. « Donc aujourd’hui, faire passer les locataires à la caisse, car les taux remontent, ça ne joue pas ». L’association de défense des locataires suggère de réfléchir à une éventuelle contestation en cas de hausse.
Jonathan Gretillat, président de l'Asloca neuchâteloise
La Chambre immobilière neuchâteloise rappelle en revanche que les propriétaires sont libres d’adapter totalement ou partiellement les hausses, comme d’y renoncer. « Chaque propriétaire décidera en fonction de ses coûts effectifs d’augmenter ou non les loyers. Ça se fera sans doute au cas par cas », estime Yann Sunier, directeur de la CIN. « Si le propriétaire pense que cela peut pousser un locataire à quitter le logement, peut-être qu’il ne répercutera pas immédiatement la hausse ».
Yann Sunier, directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise
Quand l’inflation s’en mêle
Du côté des locataires comme des propriétaires, on s’accorde donc sur l’importance du dialogue. Mais « ce qui est inquiétant, c’est qu’en plus des hausses de loyers, les locataires vont aussi subir des frais accessoires comme la hausse des prix du combustible », reconnait Yann Sunier. Le directeur de la CIN rappelle que les loyers restent tout de même relativement bas dans le canton de Neuchâtel par rapport à d’autres régions et que, dans certains cas, les salaires pourraient être indexés au coût de la vie. Un optimisme que ne partage pas Jonathan Gretillat : « Les locataires sont pris en otage, car le logement est un besoin fondamental. Il sera difficile de quitter un logement pour trouver moins cher ailleurs, alors que les loyers sont plutôt à la hausse de manière générale et qu’il y a une pénurie surtout sur le Bas du canton ». /ara