C’est une institution locale qui va fermer ses portes, un de ces petits commerces chers aux habitants d’un village. La boucherie Stamm du Landeron prendra congé de sa fidèle clientèle le 31 mars 2023. Son patron, Pierre Stamm, a déjà atteint l’âge de la retraite et a joué les prolongations dans l’espoir de trouver des repreneurs. Mais cet espoir a été douché par des travaux de remise aux normes nécessaires, mais trop couteux.
La remise d’un petit commerce de village ne se passe pas toujours comme imaginé
Pierre Stamm a du caractère, le discours est franc, la poignée de main est ferme. Cela fait trois générations et plus de 90 ans que sa famille est dans le métier. Il a repris le commerce du Landeron il y a 37 ans. Propriétaire de la maison qui abrite la boucherie, Pierre Stamm décide il y a 15 ans de tout refaire. Mais sa banque n’entre pas en discussion. Aujourd’hui, l’homme de 65 ans est dans une impasse. Pour poursuivre l’exploitation du commerce, le Service de la consommation et des affaires vétérinaires exige des interventions de remise aux normes d’hygiènes. « Des travaux conséquents devisés à 150'000 francs » et qui lui incombent de financer en tant que propriétaire des lieux. Une somme qu’il ne peut assumer et que de potentiels repreneurs ne veulent pas débourser en tant que locataires. D’autant que Pierre Stamm explique avoir déjà investi 150'000 francs lors des cinq dernières années.
Selon Pierre Stamm, il faut compter entre 250'000 et 300'000 francs pour racheter la boucherie, travaux compris, qui consistent notamment à refaire les locaux réfrigérants et le fumoir. Une somme bien trop importante pour les deux couples qui étaient très intéressés à reprendre les rênes du commerce.
Le SCAV ne fait qu’appliquer la loi
Le Service de la consommation et des affaires vétérinaires explique que la boucherie a été contrôlée. Le SCAV a décelé un certain nombre de points non conformes aux normes d’hygiène fixées par la loi fédérale. Des rénovations sont donc nécessaires pour continuer l’exploitation dans la légalité. Et les mesures pour ce genre d’établissement sont strictes « car il s’agit de denrées alimentaires très sensibles », souligne le chimiste cantonal, Yann Berger.
Outre le fait de protéger le consommateur de tout risque, l’égalité de traitement entre boucheries se doit aussi d’être respectée, insiste le chimiste cantonal. Mais les mesures ne sont-elles pas parfois excessives ? « Non », répond Yann Berger, « la loi est la même pour tout le monde ».
Le SCAV demande une remise aux normes rapidement. Même si une certaine forme de souplesse peut être envisagée, en étalant par exemple les travaux dans le temps, explique Yann Berger.
Cinq personnes vont perdre leur emploi
C’est le cœur lourd que Pierre Stamm a décidé de fermer boutique. La date de reprise du 1er avril 2023 pour de futurs repreneurs s’est donc transformée en date de licenciement pour les cinq employés de la boucherie Landeron. Et si Pierre Stamm est dépité, il est aussi remonté, estimant que « les petits commerçants comme lui ne sont pas suffisamment soutenus et sont amenés à disparaître ».
Les autorités du Landeron « désolées »
Le Conseil communal du Landeron n’est pas resté insensible au sort réservé à la boucherie du village. Il a abordé la question lors de sa séance hebdomadaire lundi pour voir ce qu’il pouvait éventuellement entreprendre. Membre de l’exécutif, Jean-Claude Egger explique avec fatalité que « les autorités ne voient pas de possibilités d’intervention, compte tenu des décisions de Pierre Stamm qui souhaite rester propriétaire des lieux. Le Conseil communal « regrette énormément qu’un commerce du village disparaisse », conclut-il. /jpp