Angela fait entendre la voix des enfants de détenus

A douze ans seulement, Angela Froidevaux est montée sur scène pour raconter son enfance, alors ...
Angela fait entendre la voix des enfants de détenus

A douze ans seulement, Angela Froidevaux est montée sur scène pour raconter son enfance, alors que son papa était incarcéré. Elle entend redonner de l’espoir aux autres enfants « de l’ombre »

La jeune Angela Froidevaux raconte son histoire dans un spectacle. Une enfance loin de son papa, alors incarcéré. La jeune Angela Froidevaux raconte son histoire dans un spectacle. Une enfance loin de son papa, alors incarcéré.

Elle ressemble aux jeunes filles de son âge : yeux clairs derrière de grandes lunettes à la mode, sourire mutin… mais quand on s’adresse à elle, Angela Froidevaux, douze ans, fait preuve d’une grande maturité. Sans doute liée à son histoire. Alors qu’elle n’était qu’un bambin, son papa est incarcéré. La fillette grandit en se figurant une figure paternelle : « Je me demandais comment il était, quelle couleur de cheveux il avait… Ces petites questions bêtes que personne ne se pose, parce que tout le monde voit ses parents ! » Les anniversaires passent, les bougies sont soufflées sans papa pour l’y aider, Angela grandit… Et puis son père sort de prison, elle a six ans : « C’est comme si une partie de moi était revenue. » Le retour est de courte durée, son papa est à nouveau incarcéré pour plusieurs années. Viennent la colère, la tristesse, le harcèlement… mais aussi le bonheur des retrouvailles, lors des jours de visite, et les espoirs. 

« Le fait que mon père soit parti, c’était triste. Le fait qu’il soit parti parce qu’il avait fait une connerie… c’était encore plus frustrant »

Tout cela, Angela le raconte dans un spectacle imaginé avec Andrée Oriet, artiste prévôtoise, le musicien Alain Tissot et le metteur en scène Noël Antonini. Cette dernière s’était intéressée il y a quelques mois aux anciens détenus, en période de probation. En était ressorti un podcast, en collaboration avec le Forum Culture, « A l’ombre ma lumière ».
 « J’accompagnais mon papa, qui participait à ce podcast, explique Angela. Et un jour, Andrée m’a dit qu’elle voulait faire un travail de médiation culturelle avec les enfants d'anciens détenus. Raconter leur histoire. J’ai accepté, et j’ai finalement été la seule enfant à aller au bout du projet. » En résulte donc « Carton-tôle », un spectacle émouvant, dans lequel Angela s'est dévoilée pour la première fois mercredi à St-Imier. « J’espère faire passer un message aux personnes qui vivent ça. Ok, avoir un parent en prison, ça peut être un sujet tabou, mais il ne faut pas que ça reste enfoui… sinon ça va faire encore plus de mal. »

Une fondation pour aider les familles à l'épreuve du pénal : REPR

Angela raconte aussi les visites en prison, dans le spectacle. Elle a pu bénéficier des services de la Fondation REPR. Active depuis 25 ans en Suisse romande, cette organisation vient en aide aux familles à l'épreuve du pénal. Les obstacles, pour maintenir un lien, sont parfois nombreux, et c'est là que la Fondation REPR intervient. Elle organise des visites, dans un cadre plus adapté aux jeunes. Elle apporte aussi un soutien psychologique, aux enfants et à leurs parents. Sonia Mascia est intervenante socioéducative au sein de la fondation, et relève qu’aujourd’hui encore, l’univers carcéral est opaque et en proie aux préjugés.

« On essaie de rassurer les enfants : certains imaginent leur parent avec un boulet au pied, certains pensent qu’il n’existe plus »

La Fondation REPR s’adresse aux familles qui ont un proche emprisonné, et accompagne les enfants de 0 à 18 ans. Il faut savoir qu'en Suisse, plusieurs milliers de jeunes vivent séparés de leur papa ou de leur maman, emprisonné. En Europe, 800'000 enfants sont concernés.
Quant au spectacle « Carton-tôle », il sera joué dans l'école d’Angela ces prochains jours. Andrée Oriet souhaite aussi le proposer à d’autres établissements scolaires. /cto


 

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