Une aveugle confie ses cartes bancaires et se fait dépouiller

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Une aveugle confie ses cartes bancaires et se fait dépouiller

Un couple comparaissait lundi devant le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers. Il est accusé d’avoir escroqué une aveugle pour près de 600'000 francs

Un couple aurait escroqué pendant près de 8 ans une aveugle pour près de 600'000 francs. Le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers rendra son jugement jeudi. (Photo d'illustration) Un couple aurait escroqué pendant près de 8 ans une aveugle pour près de 600'000 francs. Le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers rendra son jugement jeudi. (Photo d'illustration)

A quel moment peut-on être considéré comme vulnérable et perdre son bon sens ? C’est en résumé la question à laquelle devra répondre le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers. Un couple y comparaissait ce lundi. Il est accusé d’avoir escroqué pendant près de huit ans une aveugle, lui soutirant près de 600'000 francs. Le couple avait rencontré la plaignante, alors qu’elle traversait une période difficile. Cette dernière vivait une séparation alors qu’elle était enceinte et en proie à une aggravation de son handicap l’ayant rendu presque entièrement aveugle. La victime s’était alors prise d’amitié pour les prévenus. Dormant souvent chez eux, elle avait commencé à les aider financièrement en 2007. Conclusion d’abonnements de natel, dont ils n’ont ensuite jamais payé les factures selon elle, conclusion d’un crédit, puis payement de factures diverses et de commissions. Dans ce contexte, ils lui auraient également affirmé qu’un homme emprisonné au Venezuela était tombé amoureux d’elle et qu’il fallait verser de l’argent pour le libérer. Ils lui auraient aussi soutiré de l’argent pour procéder à des rituels pour la protéger de maléfices. Des faits que les prévenus nient. La lésée, elle, dit avoir senti que quelque chose clochait, mais avoir fait confiance, dans la peur de perdre les seules personnes qui lui restaient.

L’histoire ne s’arrête pas là, au moment de l’accouchement, elle leur laisse ses cartes bancaires en leur demandant de relever son courrier et de payer ses factures. Le couple déménage alors en Allemagne et coupe contact. Selon les prévenus, ils avaient perdu le numéro de la plaignante et ne savaient plus où elle habitait. Pendant plusieurs années, ils continuent cependant à venir retirer de l’argent en Suisse à l’aide des cartes de la lésée. Un manège qui durera jusqu’en 2014.

Pour les prévenus, la plaignante était consentante. Un argument sur lequel se sont appuyés les deux avocats du couple. Pour eux, la plaignante avait de multiples possibilités de couper les prélèvements. Ils ont donc demandé l’acquittement de leurs clients. A contrario, pour le Ministère public et l’avocat de la défense, ces faits relèvent de l’escroquerie par métier. La situation d’extrême vulnérabilité de la plaignante devant être prise en compte pour expliquer son inaction. Ils demandent entre 3 ans et demi et 5 ans de prison ferme. La plaignante qui a expliqué s’être longtemps sentie honteuse de la situation et n’avoir pas réussi à en parler. Le jugement sera rendu ce jeudi. Au niveau civil, le tribunal devra également définir le montant de la dette, que le couple s’est dit prêt à rembourser.


L’aide sociale aussi

Le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers devra également se prononcer sur une plainte de l’aide sociale de la ville de Neuchâtel pour escroquerie, le couple ayant touché des prestations potentiellement indues au moment des faits. Ne déclarant pas recevoir des prêts, les prévenus auraient alors perçu illégalement plus de 270'000 francs. /rgi


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