Particulièrement exposées au Covid-19, les crèches neuchâteloises se trouvent dans une situation préoccupante. Entre contagions et mesures d’isolement, certaines ont dû ces dernières semaines faire face à l’absence d’un tiers de leur personnel
Les crèches neuchâteloises sont frappées de plein fouet par la cinquième vague de Covid-19 et les effets du variant Omicron. Réunies avec les autorités vendredi matin dans le cadre de leur séance de crise bimensuelle, les représentantes de l’ANDIP, l’Association neuchâteloise des institutions pré- et parascolaires, dépeignent une situation tendue. C’est le cas en particulier dans le domaine de la gestion du personnel. Celui-ci est particulièrement exposé à la contagion puisque les structures d’accueil de la petite enfance sont fréquentées par de nombreux enfants, parents et collaborateurs qui peuvent tous devenirs source d’infections.
Comme dans d’autres secteurs économiques, avec le variant Omicron, le nombre d’infections explose. Mais également les cas contacts et les quarantaines. A cela s’ajoute la difficulté d’obtenir un rendez-vous pour un test et les délais pour obtenir les résultats. Une éducatrice peut donc manquer le travail jusqu’à une semaine sans présenter de symptômes.
Des structures ont dû fermer
Selon l’ANDIP, contactée vendredi matin, le phénomène touche toutes les régions du canton. Dans certaines institutions, jusqu’à un tiers du personnel a été mis à l’arrêt. Une structure a même signalé aux services du médecin cantonal dix alertes Covid en un jour. Résultat : ces dernières semaines, des crèches et autres institutions ont dû fermer, faute de solutions. Deux ou trois cas par semaine en moyenne, depuis la rentrée, selon l’Office des structures d'accueil extrafamilial, l'OSAE.
La fermeture d'une structure est considérée comme la solution de dernier recours. L’Etat a également la possibilité d’autoriser la réduction des heures d’ouverture. Autre outil, introduit la semaine dernière : les quarantaines sociales, où les collaborateurs placés en quarantaine sont autorisés à se rendre sur leur lieu de travail, à condition d'être testés tous les deux jours et de porter un masque FFP2. C'est le médecin cantonal qui peut prendre cette décision, mais pour le moment le recul manque pour jauger l'efficacité de la mesure.
Pour faire face aux carences de personnel, l’Office des structures d’accueil avait mis en place un pool de remplacement à disposition des crèches, mais celui-ci n’est plus tenu à jour, parce que la situation évolue trop rapidement et que les priorités ont été mises ailleurs. Certaines directions cherchent donc à compenser les absences à l’interne, en réclamant de la flexibilité à leurs employés, ou constituent leur propre liste de remplaçants. Et phénomène relativement nouveau, désormais, certaines structures préfèrent signer des contrats à durée déterminée avec des éducatrices ou des assistants socio-éducatifs. Une manière d’affronter cette période perturbée, tout en garantissant une certaine stabilité au niveau des effectifs.
Communes et parents solidaires
Des communes collaborent par ailleurs avec des structures privées pour pallier les carences de personnel, en proposant des échanges de personnel. Et ça, c’est un phénomène représentatif de la période que l’on traverse : il y a de la solidarité. Par exemple, sur proposition des directions, des parents acceptent de réduire les horaires de garde, donc d’arriver plus tard ou de reprendre leurs enfants plus tôt, afin de maintenir la qualité des services.
Ironiquement, selon l'OSAE comme l'ANDIP, le fait qu’un grand nombre d’enfants soient eux-mêmes malades en ce moment allège un peu la pression, puisque l'encadrement des enfants bien portants réclame moins de collaborateurs.
Reste que les rocades de personnel ainsi que les changements constants de règles sanitaires, pas toujours comprises ou acceptées, minent le moral des professionnels, qui souhaiteraient pouvoir consacrer davantage de temps au bien-être des enfants. Après la vague du COVID, une vague d’épuisement psychologique pointe peut-être le bout de son nez, selon l’ANDIP. Une inquiétude partagée par l'Office des structures d'accueil extrafamilial, qui espère que la branche verra la fin du tunnel à l'approche du printemps.
Au niveau national, la semaine dernière, la Fédération suisse pour l’accueil de jour de l’enfant a réclamé soutien et compréhension de la part des parents et employeurs face à cette situation. Elle demande également de pouvoir réduire les horaires des crèches pour éviter des fermetures. /jhi