Lancer le chantier d’une nouvelle correction des eaux du Jura ne fait pas partie des priorités du Conseil fédéral, malgré l’urgence climatique. Il le dit dans sa réponse à une interpellation du conseiller national neuchâtelois Damien Cottier
Une nouvelle correction des eaux du Jura n’est pas à l’ordre du jour. C’est ce qui ressort de la réponse apportée par le Conseil fédéral à une interpellation déposée fin septembre à Berne par le conseiller national PLR Damien Cottier.
Dans son texte, l’élu neuchâtelois revient sur les inondations de ces dernières années, en particulier celle de Cressier au mois de juin, ainsi que sur la crue des trois lacs survenue cet été. Dans le contexte de l’urgence climatique, il se demande si la Confédération ne devrait pas jouer un rôle moteur dans une troisième correction des eaux du Jura, destinée à prévenir la sécheresse comme les hausses du niveau des plans d'eau. Il réclame par ailleurs une intervention au niveau des cours d'eau, susceptible de prévenir des événements comme ceux de Cressier.
Le Conseil fédéral n’est pas convaincu. Pour lui, les deux corrections des eaux des lacs du pied du Jura ont débouché sur un système équilibré. S’appuyant sur une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, il argumente que toute tentative d’améliorer de cette manière le niveau de protection contre les crues ou la sécheresse, dans la perspective du dérèglement climatique, serait « particulièrement fastidieuse », en raison des nombreux intérêts divergents représentés. En ce qui concerne les cours d'eau, le gouvernement ne semble pas inquiet des conséquences locales du réchauffement, se contentant de constater que l’évolution des crues de grande ampleur est « difficile à prévoir » et de rappeler que « le risque zéro n’existe pas ».
Aux Cantons et aux propriétaires d’agir
Dans sa réponse, le Conseil fédéral rappelle son rôle financier dans la protection contre les crues, tel qu’il est fixé dans la loi, qui lui permet de soutenir des projets cantonaux et communaux à 35%, voire même jusqu’à 80% dans certains cas. Par contre, il souligne que c’est en premier lieu aux Cantons d’agir dans ce domaine. Il note que jusqu’ici, leur collaboration se passe bien et ne nécessite par l’intervention de la Berne fédérale dans un rôle d’arbitre ou d’instigateur. Il encourage par ailleurs les propriétaires privés à prendre eux-mêmes des mesures de protection.
Enfin, le Conseil fédéral note que le projet de Loi révisée sur le CO2 prévoyait des fonds pour prévenir les crues et les ruissellements de surface. Mais comme le texte a été rejeté par le peuple suisse en juin, il n’existe plus d’instrument légal pour soutenir les propriétaires de bâtiments face à ce type d’événement. /jhi