De la prison ferme et l’expulsion du territoire : c’est la peine prononcée jeudi après-midi par le Tribunal criminel à La Chaux-de-Fonds dans une affaire de viol et de stupéfiants. Le prévenu a été condamné à 27 mois de prison, dont neuf mois ferme. Il comparaissait pour viol, contrainte sexuelle, abus de la détresse, pornographie, infraction à la Loi sur les stupéfiants et conduite sans permis. Le quadragénaire n’a reconnu que les deux dernières infractions. Pour le reste, il se dit encore sous le choc de ces accusations. Le procureur avait requis 32 mois de prison dont un an ferme et une expulsion du territoire suisse pour une durée de cinq ans.
Une relation toxique
Les faits s’inscrivent dans une relation décrite par toutes les parties comme toxique, sur fond de consommation de stupéfiants. La victime, âgée d’une vingtaine d’années, admet avoir eu des relations sexuelles avec le prévenu à plusieurs reprises pour obtenir « sa dose ». Mais ce soir du 22 septembre 2020, au domicile de l’accusé, elle n’était pas consentante. Elle a crié, lui a imploré d’arrêter. Mais le prévenu a augmenté la force des coups qu’il lui portait, allant jusqu’à lui faire une clé de bras dans le dos pour parvenir à ses fins. Il aurait par la suite stoppé subitement l’acte. Pour la plaignante, il se serait arrêté car elle ne criait plus et ça ne l’excitait plus. Pour le prévenu, qui maintient que le rapport était consenti, c’est l’odeur que dégageait la victime qui l’a dégouté. Quant à la clé de bras, il l’aurait faite « pour le style ». Et au procureur de relever « qu’on a l’impression de se trouver devant un concours de patinage artistique ». Pour le Ministère public, la version du prévenu n’est pas crédible.
L'abus de la détresse écarté
Tout comme la Cour, le procureur n’a en revanche pas maintenu les abus de la détresse. Ce que la partie civile regrette. Pour l’avocate de la plaignante, sa cliente, extrêmement dépendante au crystal meth, a accepté à de nombreuses reprises d’avoir des relations sexuelles avec le prévenu pour obtenir sa dose. Elle s’est retrouvée sous emprise affective, psychique et physique. La victime, qui est passée par la case désintoxication et qui va beaucoup mieux, relève que le prévenu lui a volé sa vie.
La défense avait plaidé l’acquittement de son client pour les faits qu’il n’a pas admis. Elle s’est appuyée sur une expertise psychiatrique qui relève le caractère manipulateur de la plaignante et sa capacité au mensonge. De plus, il s’agit de la parole de l’un contre celle de l’autre. Dans ces cas-là, le doute doit profiter à l’accusé.
Le Tribunal n'a pas retenu la version du prévenu
Le Tribunal n’a pas été convaincu par la version du prévenu. Contrairement à la victime, il s’est contredit et a changé de version. Encore jeudi matin devant la Cour, il a affirmé avoir cessé toute consommation de stupéfiants avant de revenir sur ses propos. Il a aussi nié avoir consulté, téléchargé et partagé des films et des images de pédopornographie et de zoophilie. Fichiers que la police a pourtant retrouvés dans son ordinateur. Pour sa défense, il a expliqué ne pas comprendre comment ces fichiers se sont retrouvés là. Il ne s’explique pas non plus les nombreuses recherches réalisées sur internet avec des mots-clés douteux en ce qui concerne des actes d’ordre sexuel avec des enfants ou de violence. Son avocat estime que ces fichiers ont pu arriver sur son ordinateur à son insu alors qu’il téléchargeait du contenu légal.
Les parties ont 30 jours pour faire appel.