La volonté de réduire le nombre de classes « spéciales » dans le Canton de Neuchâtel inquiète syndicats et enseignants. Ils avaient déposé une pétition en mars dernier qu’une commission du Grand Conseil appelle à rejeter
La récolte de signatures « pour une inclusion scolaire réaliste, réfléchie et dotée de moyens » ne trouve pas grâce aux yeux de la commission des pétitions. À l’unanimité, elle a décidé de ne pas donner suite et invite le Grand Conseil neuchâtelois à en faire de même. Cette pétition, déposée en mars dernier, est portée par le syndicat des services publics. Elle a récolté près de 2'300 paraphes. Les signataires s’inquiètent de la disparition de classes d’enseignement spécialisé et jugent « le projet hâtif et peu réfléchi ». Le projet du Conseil d’Etat vise à réduire leur nombre d’ici 2025 au profit de l’intégration des élèves dans des classes dites « régulières ».
Les positions des différentes parties
Des représentants des pétitionnaires ont exposé à la commission leurs préoccupations : risque de décrochage scolaire, mise en œuvre difficile de la réforme du cycle 3 ou encore manque d’accompagnement et de suivi. Ils demandent davantage de moyens pour l’intégration des élèves en grandes difficultés scolaires. Ils déplorent également l’absence d’un 3e niveau, comme c’était le cas avant la réforme. Les pétitionnaires réclament tout simplement le maintien des classes spéciales.
Pour la commission en revanche, ce n’est pas le moment d’interférer dans les travaux en cours de réflexion et de ralentir le processus, d’autant qu’une enquête montre que Neuchâtel compte un grand nombre de classes spéciales comparativement aux autres cantons. Ses membres ont toutefois demandé quelques garanties au Conseil d’Etat : notamment de recommander aux directions d’école ne pas prendre de mesures prématurées, en interprétant les résultats de l’enquête comparative sur le nombre de classes spéciales par canton. Autre requête, conduire ce projet de manière collaborative en y impliquant les différents partenaires concernés.
Enfin, de son côté, le Conseil d’Etat juge « la pétition hâtive et non recevable », le projet étant en cours de réflexion et n’ayant pas encore démarré. Le gouvernement déclare également « qu’aucune décision formelle n’a été prise et qu’il n’y a pas de fermeture de classe prévue ni de diminution de ressources ». Le Grand Conseil se penchera sur cette pétition lors d’une prochaine session. /jpp