Une étude publiée par la HEP BEJUNE veut faire de la lumière sur la question. Ce système présente des avantages pédagogiques pour les enfants, mais aussi des contraintes pour les enseignants
Une étude pour faire la lumière sur les classes à degrés multiples. C’est ce que propose l’ouvrage présenté jeudi soir à Delémont par la Haute-Ecole pédagogique BEJUNE. Suite à une motion acceptée par le Parlement jurassien en 2016, un projet pilote a été mené dans quatre classes primaires du canton durant deux ans. Sur mandat du service jurassien de l’enseignement, la HEP BEJUNE a mené l’étude. C’est la professeure Françoise Pasche Gossin qui s’est occupée d’assurer le suivi scientifique, « pour accompagner le processus et permettre ensuite au Gouvernement de statuer sur l’utilité de ce système. Il ne s’agit pas d’un plaidoyer en faveur des classes à degrés multiples, mais d’un moyen d’ouvrir la discussion en donnant des clés de compréhension » précise-t-elle.
Le projet pilote poursuivait deux objectifs principaux : évaluer le fonctionnement du système, et mesurer son impact sur les personnes directement concernées (élèves, enseignants, direction d’école, parents).
« Les aînés aident les plus jeunes et se sentent valorisés »
De manière générale, Françoise Pasche Gossin évalue l’exercice mené dans le Jura de manière positive. « Ce système montre des avantages clairs en ce qui concerne les villages, explique Françoise Pasche Gossin. Il peut même être salutaire. Lorsque cela permet de maintenir une école, cela a un impact positif sur la vie du village et celle des familles. C’est aussi un moyen pour les directions d’écoles de gérer plus facilement la répartition des élèves dans les classes. » D’un point de vue pédagogique, rassembler plusieurs niveaux différents au sein d’une même classe a aussi des avantages pour les enfants :
Françoise Pasche Gossin : « l’ambiance de classe se base sur la coopération plutôt que la compétition »
L’étude a également permis d’identifier trois inconvénients principaux, selon Françoise Pasche Gossin : « Il est vrai que les élèves les moins autonomes peuvent se sentir un peu perdus lors des premiers mois. Mais cela fait aussi partie de l’apprentissage finalement. » Autre inconvénient souligné par l’étude, le bruit en classe qui peut parfois gêner certains écoliers. « Quand les élèves sont dans des activités différentes et qu’un groupe travail autour d’un jeu mathématique par exemple, cela peut perturber d’autres élèves.» De l’aveu de Françoise Pasche Gossin, la plus grande difficulté se trouve du côté des enseignants :
Françoise Pasche Gossin : « les enseignants doivent faire preuve d'innovation »
Des projets qui sont désormais définitifs
Suite aux résultats jugés « encourageants » par le ministre jurassien de la formation Martial Courtet, les projets menés dans les écoles du Bémont, des Enfers, des Rouges-Terres et de Rebeuvelier sont désormais définitifs et ils seront donc reconduits. À l’heure actuelle, aucun autre cercle scolaire n’a fait de demande pour créer une classe à degrés multiples, selon Martial Courtet. /tna