Le prévenu somnolait sur sa chaise durant l’audience. Le scootériste qui avait renversé un policier en novembre à Hauterive est condamné à 24 mois de peine privative de liberté, une peine suspendue au profit d’un traitement en institution. L’homme a notamment été reconnu coupable de mise en danger de la vie d'autrui, vol par métier et infraction à la Loi sur la circulation routière. Le jugement a été rendu jeudi par le Tribunal de police à Neuchâtel.
L’Italien de 23 ans ne sera pas expulsé : la juge estime que la clause d'exception peut être appliquée en raison de son jeune âge et de la présence de ses proches à Neuchâtel. En cas de récidive, la justice pourrait être moins clémente, a prévenu le tribunal.
Ces dernières années, le jeune homme s’est d’abord passionné pour les buanderies : il en a visité une ribambelle pour y forcer les monnayeurs. Le 1er novembre dernier, au guidon d’un scooter volé et sans permis de conduire, ce consommateur de cannabis a renversé un policier aux Jardillets, à Hauterive. Il a tenté de prendre la fuite avant d’être stoppé dans son élan par des témoins. Alors pourquoi ne pas avoir évité le gendarme, s’est interrogée la juge ? Réponse de l’accusé : haussement d’épaule.
Pas de doute, pour le procureur, l’homme a voulu heurter le policier. Dans son réquisitoire, le Ministère public estime que la région est « le laboratoire expérimental du prévenu ». D’ailleurs, l’homme se comporte comme dans un jeu vidéo. Du coup, à défaut de pouvoir guérir le prévenu – nombre d’institutions de la région ne veulent plus de lui – le procureur a indiqué « qu’il faut protéger la population ». Il a réclamé une peine privative de liberté de 2 ans. Quant à l’expulsion, le procureur s’en est remis à la juge, estimant que dans tous les cas, il y a un fort risque que le prévenu revienne en Suisse.
Pour l’avocat du policier, en revanche, le prévenu doit être expulsé. Il a rappelé que son client aurait pu être tué : « Il s’agit d’une agression, voire d’un attentat contre l’ordre public ». La société « se sacrifie pour le prévenu qui reste insatisfait des traitements dont il a bénéficié ».
Faux, a rétorqué la défense. L’accident de scooter ne peut être volontaire : « mon client n’a jamais su conduire un tel engin et il a tenté d’éviter le policier ». L’avocat a plaidé pour une peine assortie de mesures de traitement.
Ce qui a été accordé par la juge. Voulant fuir, l’individu a zigzagué au guidon du scooter et a percuté le policier. Le tribunal a jugé qu’il faut donc protéger la société et accorder un traitement au prévenu, afin d’éviter une récidive. « Sinon, ce sera rebelote » a coupé le prévenu durant la lecture du jugement. Réveillé, cette fois.
Les parties ont dix jours pour faire appel du jugement. /aju