Histoire de confiance devant le Tribunal criminel à La Chaux-de-Fonds.
Un fils et son père ont été condamnés à 22 et 18 mois de prison avec sursis pour vol et recel. Entre 2009 et 2015, le premier a emprunté de l’or et des montres pour une somme de plus de 450’000 francs chez les entreprises horlogères Schwarz Etienne et Tag Heuer. Le père a ensuite écoulé une partie de la marchandise.
Un troisième prévenu, ferrailleur, qui avait fait affaire avec la famille a lui été blanchi. Selon les juges, il a fait preuve de négligence. Dans cette affaire, c’est une entreprise de métallurgie du canton de Neuchâtel qui avait levé le lièvre en informant la police de l’illégalité certaines transactions.
Trop beau pour être vrai
Selon la déposition du fils, ce dernier a voulu aider ses parents. Cet homme marié et père de deux enfants aurait profité de sa profession pour soustraire 459’000 francs en or et en montres. Pourquoi ce vol ? Il aurait agi dans le but d’aider ses parents en lien avec un contexte financier difficile tant pour eux que pour lui. Une version qu’a réfutée le Ministère public dans son réquisitoire. Selon le procureur, le fils n’a pas commis ces vols par bonté, mais parce qu’il souhaitait s’enrichir. En témoignent les premières montres chapardées à son ancien employeur Tag Heuer.
Selon le procureur, le premier vol de montres qui date de 2009 n’avait pas de lien avec les soucis financiers de son père et n’a été réalisé que par lucre. La deuxième partie des vols n’échapperait pas non plus à cet état de fait. C’est pourquoi, le Ministère public réclamait 30 mois de prison avec sursis.
De son côté, le père, sans profession actuellement pour cause de maladie, a avancé qu’il avait bien questionné son fils sur la légalité des pièces qui lui avaient été transmises, mais que ce dernier lui aurait toujours assuré qu’il n’y avait pas de problème. Amateur d’antiquité, il s’est alors servi de son réseau pour trouver une personne susceptible d’acheter les pièces. Une version contestée par le Ministère public, mais aussi par les juges. En effet, les marchandises ont été limées avant d’être revendues, il avait donc connaissance de l’illégalité de cette opération. Selon la justice, c’est même le père qui a réalisé cela. Comme l’avait requis le procureur, il écope de 18 mois avec sursis.
Ferrailleur trop naïf
De son côté, le troisième prévenu, ferrailleur, a déclaré que le père lui avait indiqué qu’il était chargé d’écouler la marchandise. Ceci pour le compte d’un promoteur immobilier qui avait racheté une entreprise horlogère. Alors que le ferrailleur tâchait d’en savoir plus, le père aurait fait valoir le secret d’affaires. La transaction se serait donc faite de bonne foi et avec un contrat moral. Une version retenue par la justice qui a mis ces actions sur le compte de la négligence du prévenu et l’a acquitté. Le ferrailleur a d’ailleurs déjà proposé une compensation en guise de tort moral à l’entreprise horlogère lésée à hauteur de 115’000 francs.
Finalement, alors que la défense demandait 12 mois maximum pour le fils, l’acquittement pour le père et le ferrailleur, c’est ce dernier qui est sorti blanchi de l’audience.
Des regrets
Lors du procès, le fils a dit regretter plusieurs fois d’avoir agi ainsi. Il admet avoir honte et qu’il a mis beaucoup de monde dans l’embarras. Le père a, lui, joué un jeu trouble tout au long de l’audience en remettant la faute sur son fils et en jouant l’homme de bonne foi. Mais la justice n’a pas tranché en sa faveur. Le ferrailleur, qui semblait abattu, a quant à lui été suivi dans sa version d’un homme qui a fait trop confiance. /jha