Peu le savent, mais il n’est pas impossible de croiser une célèbre pianiste en faisant son marché à Neuchâtel… HJ Lim, 29 ans, mène actuellement une carrière internationale. Cette Sud-Coréenne a quitté son pays natal à l’âge de 12 ans pour se consacrer à sa passion. Et c’est à Neuchâtel, en plein centre-ville, qu’elle a choisi de vivre. « Je m’y suis arrêtée par hasard en me rendant à Bâle. J’ai vu des gens qui se promenaient en maillot de bain en pleine ville, j’ai vu des mouettes, le lac, la montagne. Le soleil était magnifique ce jour-là, j’ai su que je ferais ma vie ici », raconte l’œil vif HJ Lim. HJ ? D’ailleurs, comment faut-il prononcer son prénom ? A l’anglaise ou à la française ? « Comme vous voulez ! », répond-elle dans un éclat de rire. « Je vous épargne le coréen ». Merci bien.
Connue grâce à Youtube
Partie seule du cocon familial à l’âge de 12 ans, HJ Lim s’est rendue à Paris pour parfaire son piano avec des grands maîtres. Sa particularité, c’est qu’elle n’a pas remporté de grand concours pour percer. Moderne jusqu’au bout des ongles (bien que les pianistes les coupent courts), HJ Lim s’est fait remarquer sur la plateforme vidéo Youtube. « C’est bien plus démocratique. Les concours, je les assimile à des compétitions pour chevaux, comme disait le compositeur Bartok. On ne peut pas faire de comparaison dans l’art ».
Ainsi, la Sud-Coréenne a posté des vidéos qui ont été partagées maintes fois. Jusqu’à ce qu’elle se fasse remarquer par les bonnes personnes, au bon moment.
Salle Faller pour la maison EMI
Est venu le temps des tournées, puis des enregistrements : l’intégrale des sonates de Beethoven, par exemple, au Conservatoire de La Chaux-de-Fonds. Curieux, quand on sait que l’une des plus belles acoustiques au monde se trouve sur le trottoir d’en face, à la Salle de musique. « Oui, mais au Conservatoire on me laissait la clef sans faire d’histoires. J’ai pu aller jouer la nuit. »
Le piano pour unir les Corées
Heureuse, HJ Lim dit se sentir bien à Neuchâtel. « Si vous voulez encore de moi, je reste ! »
Son rêve, c’est de mêler politique et musique. A l’instar du chef d’orchestre Daniel Barenboïm, elle voudrait jouer un jour lors d’un concert de réunification pour les deux Corées, actuellement pas loin d’une situation de guerre. « Nous sommes des frères et sœurs, pour moi il n’y a pas de Corée du Sud ou du Nord. Mais si je vais là-bas proposer ma musique, je me fais fusiller sur-le-champ », lance-t-elle.
Alors, elle patiente, HJ Lim. Et elle fait venir les siens, comme ce vénérable moine sorti d’un temple coréen le temps de deux concerts donnés dans le canton. Une façon, pour elle, de faire connaître sa culture. Avant de repartir en tournée. /abo