Un haut responsable de l'opposition zimbabwéenne, Tendai Biti, a été arrêté mercredi matin à la frontière zambienne. Son parti conteste devant la justice les résultats de l'élection présidentielle remportée par le sortant Emmerson Mnangagwa.
Son avocat Me Nqobizitha Mlilo a précisé par SMS que l'ancien ministre cherchait 'l'asile' politique chez le voisin zambien. Les autorités zimbabwéennes n'ont pas confirmé l'arrestation de cette figure de l'opposition.
Ancien ministre des Finances du gouvernement d'union nationale (2009-2013), M. Biti est recherché par la justice, accusé d'incitation à la violence, selon le journal pro-gouvernemental The Chronicle. Son entourage avait dénoncé la présence de forces policières autour du domicile de sa mère à Harare.
M. Biti avait annoncé avant la proclamation officielle des résultats par la commission électorale que Nelson Chamisa, le candidat de son parti le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) avait remporté l'élection 'au-delà de tout doute raisonnable' , tout en défiant la commission électorale d'annoncer un résultat différent.
Constestation devant la justice
L'opposition zimbabwéenne a confirmé mercredi qu'elle allait contester devant la justice les résultats de l'élection présidentielle du 30 juillet, a annonce Thabani Mpofu, avocat du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Il n'a pas précisé quand il déposerait le dossier devant la Cour constitutionnelle.
'Toutes les preuves dont nous avons besoin sont disponibles. Il n'y aura aucun doute pour tous les citoyens', a-t-il assuré. Le recours permettra de 'montrer au monde ce qui s'est réellement passé', a-t-il ajouté.
'Nous n'avons pas peur (...) Si cela veut dire plaider devant la Cour constitutionnelle depuis nos lits de mort nous le ferons avec plaisir', a-t-il conclu, assurant ne pas être 'intimidé' par la répression.
L'opposition avait jusqu'à vendredi pour déposer son recours. La Cour a ensuite 14 jours pour donner sa décision.
Répression policière
La commission électorale a donné M. Mnangagwa, ancien bras droit de Robert Mugabe, poussé vers la sortie par l'armée en novembre, vainqueur avec 50,8%. Il s'agissait du premier scrutin depuis la chute de M. Mugabe, chef d'Etat autoritaire resté près de quatre décennies au pouvoir.
La répression le 1er août des manifestations contestant les résultats officiels s'est soldée par la mort d'au moins six personnes. Le lendemain, la police avait opéré une vague d'arrestations.
L'opposition mais aussi observateurs et diplomates occidentaux se sont inquiétés de la répression. Les chefs de mission au Zimbabwe de l'Union européenne, des Etats-Unis, de la Suisse et du Canada ont dans une déclaration commune parlé de 'sérieuses violations des droits de l'Homme' et ' 'pressent le gouvernement de respecter les droits de Zimbabwéens'.
'Election transparente'
Le président Mnangagwa, qui a dirigé sous Robert Mugabe la brutale répression (20'000 morts) dans les provinces dissidentes du Matabeleland (ouest) et des Midlands (centre) en 1983, avait promis vendredi une enquête indépendante sur les violences.
Dans des déclarations publiées mardi par le journal pro-gouvernemental The Herald, il a répété que 'l'élection a été libre, juste, et transparente'.
Il a exhorté les Zimbabwéens à oublier la politique au profit de l'économie, dans un pays où près de trois quarts des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et où le chômage atteint 90% de la population active.
'Les élections sont derrière nous (...), nous devons maintenant nous concentrer sur la modernisation de notre économie, faire croitre notre économie ensemble. Ceux qui ont voté pour moi, ceux qui ont contre moi... Le Zimbabwe est à nous ensemble', a martelé le président.
/ATS