Après des semaines d'hésitation, Etats-Unis et Allemagne ont annoncé mercredi la livraison de chars lourds à l'Ukraine, engins que Kiev réclamait depuis longtemps pour combattre l'armée russe. Washington va fournir 31 Abrams, tandis que Berlin a promis 14 Leopard 2.
'Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie', a tenu à assurer le président américain Joe Biden, qui s'est entretenu de l'aide à apporter aux Ukrainiens avec son homologue français Emmanuel Macron, avec le chancelier allemand Olaf Scholz, la première ministre italienne Meloni et le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak.
Berlin doit fournir à Kiev 14 Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr. Le gouvernement allemand a également décidé d'autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même.
'Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l'Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l'OTAN', a souligné M. Scholz devant le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand.
Colère russe
'C'est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation', a réagi l'ambassadeur de Russie à Berlin, Sergueï Netchaev. 'Cela nous persuade une fois encore que l'Allemagne, à l'instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d'une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu'elle veut une escalade permanente', a-t-il dit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui salué la décision des Occidentaux, mettant la barre encore plus haut en leur réclamant des missiles de longue portée et des avions de combat.
Dans l'immédiat, 'la clé est maintenant la vitesse et le volume' des livraisons des chars, a souligné le président ukrainien. La livraison de ces blindés est 'une étape importante pour la victoire finale', a ajouté Volodymyr Zelensky. 'Aujourd'hui, le monde libre est uni comme jamais auparavant avec un objectif commun: la libération de l'Ukraine', a-t-il insisté.
Assauts russes sur Bakhmout
Sur le terrain, la Russie, 'en supériorité numérique', 'intensifie' ses combats dans la région de Donetsk dans l'est de l'Ukraine, a affirmé la vice-ministre ukrainienne de la défense, Ganna Maliar. 'Les combats s'intensifient', a-t-elle indiqué sur le réseau social Telegram, citant la zone autour de Bakhmout, que les troupes de Moscou tentent de conquérir depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.
Selon le ministère colombien des affaires étrangères, deux Colombiens enrôlés dans l'armée ukrainienne ont trouvé la mort dans des combats contre l'armée russe.
Selon des experts, la crainte d'une escalade militaire avec Moscou était pour beaucoup dans les hésitations du camp occidental à fournir des chars lourds à Kiev.
Le ministre allemand de la défense Boris Pistorius a estimé que les premiers chars en provenance d'Allemagne pourraient être en Ukraine dans les trois mois.
La Norvège a aussi promis à l'Ukraine des Léopard 2. Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi le Danemark et les Pays-Bas, en plus de la Pologne et de la Finlande. L'Espagne a confirmé être 'disposée' à livrer aussi des chars.
Retrait de Soledar
Les Leopard vont 'renforcer la capacité défensive' de l'Ukraine, a estimé le Royaume-Uni qui s'est engagé à livrer 14 chars lourds Challenger 2. Pour le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, 'à un moment critique de la guerre livrée par la Russie', les chars lourds envoyés à Kiev 'peuvent aider l'Ukraine à se défendre, à vaincre et à l'emporter en tant que nation indépendante'.
Auparavant, l'armée ukrainienne avait admis avoir cédé Soledar, une cité voisine de Bakhmout, deux semaines après l'annonce de sa prise par Moscou.
En liaison avec le conflit en Ukraine, décision a par ailleurs été prise de ne pas inviter de représentants de la Russie aux célébrations du 78e anniversaire de la libération, par l'armée rouge, du camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau, a annoncé le musée du site.
/ATS