Une vidéo choc montrant un tétraplégique français a été diffusée mercredi par un comité de soutien opposé à l'arrêt de son alimentation et de son hydratation. Son maintien en vie est au coeur d'une bataille familiale et judiciaire.
Alors que la justice européenne vient de donner son feu vert à un arrêt des soins de Vincent Lambert, 38 ans, les images prises sur son lit d'hôpital sont censées montrer qu'il n'est pas en fin de vie et qu'il réagit aux stimulations de son entourage.
Son épouse, Rachel Lambert, qui plaide avec six frères et soeurs de Vincent pour au contraire le 'laisser partir', s'est dite 'consternée' par la vidéo qui 'n'apporte aucun élément nouveau'. 'Ce n'est pas en deux minutes qu'on peut comprendre l'état de mon mari', a-t-elle confié à l'AFP.
Dignité et droit à l'image piétinés
Cette vidéo 'piétine sa dignité et son droit à l'image, c'est de la manipulation intellectuelle en jouant sur l'émotion', a renchéri Eric Kariger, un ancien médecin de Vincent. 'Les patients en état végétatif réagissent à leur environnement mais c'est une réponse végétative', a-t-il souligné.
Dans le film, visible sur internet et repris par des médias français, Vincent Lambert apparaît les yeux mi-clos quand une main plaque à son oreille un téléphone portable qui diffuse la voix de sa mère, Viviane Lambert, fermement opposée à l'arrêt des soins.
Un autre plan serré montre son demi-frère David en train de lui parler, penché à quelques centimètres de son visage alors que le patient cligne des yeux et le suit du regard. Ces images auraient été tournées vendredi à Reims (est) par Emmanuel Guépin, qui se présente comme un ancien camarade de classe de Vincent et membre du comité de soutien.
Saisine du Conseil supérieur de l'audiovisuel
Elles ont été diffusées sur la chaîne d'information en continu BFMTV, ce qui a entraîné la saisine du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). L'autorité de régulation de l'audiovisuel a indiqué son intention d'instruire 'avec une particulière vigilance' le dossier, 'notamment au regard de l'application du principe de respect de la dignité humaine'.
La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a confirmé vendredi un arrêt rendu en 2014 par le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, qui avait autorisé l'arrêt des soins, jugeant qu'une poursuite des traitements relevait de 'l'obstination déraisonnable'.
Victime d'un grave accident de la route en 2008, Vincent Lambert, un ancien infirmier psychiatrique, souffre de lésions cérébrales irréversibles. A l'opposé de la position de Rachel Lambert, les parents du malade, des catholiques traditionalistes, une soeur et un demi-frère dénoncent une 'euthanasie déguisée'.
/ATS