Le président vénézuélien Nicolas Maduro a consacré jeudi l'Assemblée constituante comme la plus haute instance du pays lors de sa première apparition devant cette instance. Il a dit 'se soumettre aux pouvoirs' de l'assemblée entrée en fonction il y a six jours.
'Je viens reconnaître ses pouvoirs plénipotentiaires (sic), souverains, originaux et magnifiques', a déclaré le chef de l'Etat. Cette assemblée l'a ensuite confirmé à l'unanimité dans ses fonctions de 'président constitutionnel de la république bolivarienne du Venezuela'.
L'élection le 30 juillet des 545 membres de l'Assemblée a déclenché des condamnations internationales, de nombreux pays jugeant qu'elle usurpait l'autorité du parlement, où l'opposition est majoritaire.
Le chef de l'Etat avait présenté l'élection comme le seul moyen de résoudre la crise politique qui agite le pays, après quatre mois d'une vague de contestation qui a fait plus de 120 morts.
'Cette assemblée a eu une naissance violente', a-t-il déclaré jeudi. Il a ensuite présenté une loi punissant de 15 à 25 ans de prison toute personne 'exprimant de la haine, de l'intolérance et de la violence' et a réitéré la nécessité d'appliquer 'une justice sévère' et de lever l'immunité des députés et autres élus accusés d'incités à la violence lors des manifestations.
'Conversation' avec Trump
Nicolas Maduro a par ailleurs affirmé jeudi souhaiter 'une conversation' avec son homologue américain Donald Trump qui a pris des sanctions contre son pays. Il souhaite que cette discussion ait lieu par téléphone ou qu'elle se fasse à New York à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies le 20 septembre.
Tout en disant souhaiter avoir des relations 'normales' avec les Etats-Unis, il a averti M. Trump que son pays répondrait 'avec les armes à la main' à une éventuelle agression. 'Le Venezuela ne se rendra jamais (...) l'empire américain devrait le savoir', a-t-il lancé.
M. Maduro a par ailleurs accusé Washington d'être derrière l''attaque terroriste' contre une base militaire, dimanche à Valencia (nord), estimant qu''ils ont repris des méthodes brutales de coup d'Etat'.
Craintes de l'opposition
L'opposition craint que la Constituante, où ne siègent que des alliés du parti socialiste de Nicolas Maduro, ne permette au président de s'arroger les pleins pouvoirs ou ne décide de dissoudre le parlement.
Ses craintes ont été confirmées lors de la première session de travail de la chambre le 5 août, ses membres limogeant à l'unanimité la procureure générale Luisa Ortega, principale opposante à M. Maduro à l'intérieur des cercles du pouvoir.
Le médiateur du pays, Tarek Saab a été choisi pour la remplacer et a dénoncé sa 'complicité et son inaction' face au bain de sang des manifestations. Convoquée par la justice, l'ancienne procureure est désormais en fuite et se déplace de refuge en refuge. Jeudi, elle a déclaré à Reuters craindre pour sa vie.
L'opposition se dit persécutée
L'opposition, qui a boycotté les élections constituantes, réclame la tenue d'un scrutin présidentiel en vue de remplacer Nicolas Maduro, dont le mandat a été marqué par une sévère récession économique source de pénuries.
Elle a par ailleurs accusé le gouvernement de persécuter ses membres. Mercredi, la Cour suprême a condamné David Smolansky, membre de l'opposition et maire d'El Hatillo, un district de Caracas, à quinze mois de prison. Cette condamnation porte à 23 le nombre de maires poursuivis en justice, selon l'opposition.
'Est-ce là la paix dont parle Maduro?' s'est indigné Gerardo Blyde, maire de la ville voisine de Baruta, qui fait également l'objet de poursuites. 'Aucun d'entre nous n'a peur des persécutions. Peut-être vont-ils se mettre à poursuivre nos députés maintenant', a-t-il ajouté.
Le numéro 2 du parti au pouvoir a de son côté mis en garde les candidats de l'opposition voulant se présenter aux prochaines élections qu'ils auraient besoin de certificats de 'bonne conduite' délivrés par la constituante
/ATS