Minimiser les divisions sur le Brexit, reconquérir les jeunes: la Première ministre britannique Theresa May est montée au front dimanche pour tenter de reprendre la main à l'ouverture du congrès des conservateurs (Tories) à Manchester.
La cheffe de l'exécutif traîne comme un boulet la déconfiture des Tories au scrutin du 8 juin, qui lui a coûté sa majorité absolue au Parlement, mais aussi une bonne partie de son autorité. Histoire d'amadouer ses troupes, Theresa May a de nouveau assumé dimanche son revers électoral.
Elle a promis d'incarner ce conservatisme social qu'elle avait vanté en prenant ses fonctions en juillet 2016. 'Le résultat n'a pas été celui que nous attendions et j'en suis désolée', a-t-elle concédé sur la BBC. 'Nous devons écouter les électeurs et les messages qu'ils nous envoient', a-t-elle ajouté, en proposant de geler les frais d'inscription à l'université.
Avec cette mesure, Theresa May chasse directement sur les terres de l'opposition travailliste. La gauche avait séduit de nombreux jeunes en promettant de supprimer ces frais d'inscription lors de la campagne électorale.
Les lignes rouges de Boris Johnson
La dirigeante pâtit également des progrès poussifs dans les négociations sur la sortie de l'Union européenne. Sur ce sujet, la Première ministre a assuré que son gouvernement était 'uni' derrière elle, malgré les provocations à répétition de celui régulièrement cité comme l'un de ses possibles successeurs: Boris Johnson, l'impétueux ministre des Affaires étrangères.
Jamais à court de surprises, 'Bojo' a énoncé samedi dans le Sun ses 'lignes rouges' sur la sortie de l'UE. Il a estimé que la période de transition post-Brexit proposée par Mme May pour un divorce sans douleur devait se limiter à deux ans, et 'pas une seconde de plus'.
'Nous avons quitté (l'UE). Nous avons voté pour ça l'an passé. Il faut aller de l'avant', déclare-t-il dans le tabloïd. Des propos qui semblent critiquer, en creux, les orientations de la Première ministre.
Voix discordantes
Boris Johnson prendra mardi la parole devant le congrès. Son discours sera scruté de près, de même que celui de David Davis, le ministre du Brexit, également présenté comme possible successeur de Theresa May.
Mme May a pour sa part 'besoin de traverser cette conférence sans aggraver sa situation', estime le Pr Simon Usherwood, de l'université du Surrey. Elle doit montrer qu'elle est, malgré tout, capable de tenir les rênes de son gouvernement et des négociations sur le Brexit.
Plusieurs ministres ont fait entendre ces dernières semaines dans les médias des voix dissonantes, non seulement sur le Brexit mais aussi sur les politiques d'austérité qui donnent des arguments à l'opposition travailliste.
'Stop Brexit!'
Dimanche à Manchester, le Brexit était également au coeur d'une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes. 'Stop le Brexit!', ont-elles scandé dans les rues du centre-ville, brandissant des centaines de drapeaux aux couleurs de l'Union européenne.
Les négociations avec l'UE 'sont une catastrophe', a déclaré un des participants, Bill Jones, 47 ans. 'Il faut qu'il y ait un (nouveau) référendum', a-t-il ajouté, tandis qu'à quelques centaines de mètres de là avait lieu une autre manifestation, contre l'austérité.
/ATS