Salah Abdeslam présent dans le box des accusés

Salah Abdeslam, principal accusé du procès des attentats du 13 novembre 2015, a pris place ...
Salah Abdeslam présent dans le box des accusés

Abdeslam vindicatif à l'ouverture du procès du 13 novembre

Photo: KEYSTONE/AP/Noelle Herrenschmidt

'On est traités comme des chiens'... Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'est ouvert mercredi sur un coup de sang du principal accusé, Salah Abdeslam, six ans après une nuit de terreur qui a fait 130 morts.

Peu avant 17h00, alors que la cour procédait depuis près de trois heures à l'appel des parties civiles déjà constituées, le président Jean-Louis Périès a annoncé une suspension de séance après le malaise d'un des accusés.

A la reprise, une trentaine de minutes après cet incident, l'un de ses avocats a dénoncé auprès de la cour d'assises spéciale ses conditions de détention et les 'fouilles à nu' subies par son client à son arrivée au palais de justice, soulignant son 'état dépressif'.

'On est traités comme des chiens. Ici c'est très beau, il y a des écrans plats, mais là-bas derrière...', a immédiatement embrayé Salah Abdeslam, coupant la parole du président. 'Ça fait six ans que je suis traité comme un chien et je ne me suis jamais plaint', a-t-il lancé, coupé par le président: 'Ici on n'est pas dans un tribunal ecclésiastique, on est dans un tribunal démocratique'.

'Provocation'

En début d'audience, le seul membre encore en vie des commandos derrière les attentats du 13 novembre avait déjà joué la provocation en paraphrasant la Chahada, profession de foi musulmane, lors de sa première prise de parole devant les magistrats qui doivent le juger jusqu'à la fin mai.

Alors que le président de la cour lui demandait, comme c'est l'usage, de se lever et de décliner son identité, Salah Abdeslam a répondu: 'Tout d'abord, je tiens à témoigner qu'il n'y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son messager'.

'On verra ça après', a rétorqué le président sans se démonter avant de lui demander sa profession. 'J'ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'Etat islamique', répond le Franco-Marocain de 31 ans, accusé de complicités de crimes terroristes et qui encourt la perpétuité.

'C'est une provocation, on s'y attendait et en réalité on n'en attend absolument rien', a commenté en marge de l'audience Dominique Kielemoes, dont le fils a été tué le 13 novembre 2015.

Appel des parties civiles

Dix autres accusés se sont aussi installés sur la première rangée des bancs du box. Trois autres accusés comparaissent libres. Contrairement à Salah Abdeslam, tous se sont contentés de décliner leur identité et de répondre aux questions sans faire de commentaire.

Cette première journée d'audience était consacrée à l'appel des parties civiles, qui continuera jeudi, avant la lecture du rapport vendredi. Les premiers témoins ne sont attendus à la barre que lundi.

Pendant neuf mois - la plus grande audience criminelle jamais organisée en France -, la cour va se replonger dans ce titanesque dossier. Il est inédit par son ampleur - 542 tomes -, par son nombre de parties civiles - au moins 1800 -, et par sa charge émotionnelle. Les témoignages de rescapés et proches des victimes débuteront le 28 septembre, pour cinq semaines.

'Intensité dramatique'

De façon inhabituelle, le président de la cour d'assises spéciale - composée uniquement de magistrats professionnels - a souhaité tenir un propos liminaire, 'en toute humilité'.

'Nous commençons ce jour un procès qualifié d'historique, hors norme', a dit Jean-Louis Périès. Mais, prévient-il, 'ce qui importe c'est aussi justement le respect de la norme, le respect des droits de chacun, à commencer par les droits de la défense'.

'Notre cour d'assises a pour finalité d'examiner les charges pesant à l'encontre de chacun et d'en tirer toutes les conséquences au plan pénal après avoir écouté chacun', a-t-il rappelé. 'Nous devons tous garder à l'esprit cette finalité afin de conserver ce cap'.

Nuit de terreur

Le vendredi 13 novembre 2015, la nuit de terreur avait débuté à 21h16: trois kamikazes se font exploser aux portes du Stade de France, pendant un match amical de football entre la France et l'Allemagne.

Au coeur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l'arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d'un concert au Bataclan, où l'assaut sera donné peu après minuit.

La cour d'assises spéciale juge au total 20 accusés, soupçonnés d'être impliqués à divers degrés dans la préparation des attaques. Six sont jugés par défaut, dont le donneur d'ordre et vétéran du jihad Oussama Atar, et les 'voix' françaises de la revendication de l'EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.

/ATS
 

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