Les motifs des violences contre la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie pourraient être considérés comme de possibles crimes contre l'humanité. L'ONU a dévoilé lundi à Genève un rapport alarmant.
Les Rohingyas sont victimes d'arrestations et de détentions arbitraires, de déchéance de nationalité, de restrictions graves à leur liberté de mouvement, de menaces, de manque d'accès à la santé et à l'éducation ou encre de travail forcé, souligne le Haut Commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein. Mais aussi de violences sexuelles ou de limites à leurs droits politiques.
Quatre ans après les heurts dans l'Etat de Rakhine, quelque 120'000 membres de cette minorité et de celle des Kamans restent déplacés. Les organisations bouddhistes ultra-nationalistes augmentent leurs appels à la haine et à la discrimination religieuse.
Paiement de pot-de-vin
Les Rohingyas sont souvent libérés contre le paiement d'un pot-de-vin alors qu'aucune charge n'a été lancée contre eux. Et lorsqu'ils sont mis en accusation, ils n'ont pas toujours droit à un procès équitable. Ils ne peuvent pas non plus devenir médecin ou ingénieur. Des dispositions locales dans le nord de l'Etat de Rakhine visent par ailleurs directement les Rohingyas.
D'autres violations, notamment des droits de propriété, sont constatées contre d'autres minorités. Dans les Etats de Kachin et de Shan, toutes les parties sont accusées de violations qui pourraient peut-être être considérées comme des crimes de guerre.
Le nouveau gouvernement a hérité d'une situation où les lois cherchent à refuser les droits fondamentaux pour les minorités, mais aussi d'impunité. Et dans son rapport qui avait été demandé en 2015 par le Conseil des droits de l'homme, le Haut Commissaire affirme encore qu'il ne sera pas facile de changer cet environnement.
Discussion avec le gouvernement
'Mais cela doit être une priorité importante' pour stopper les violations actuelles et en empêcher à l'avenir, explique-t-il. M. Zeid se dit encouragé par le dialogue entamé avec les autorités. Il leur demande d'abolir les dispositions locales dans l'Etat de Rakhine, de mettre un terme aux restrictions à l'accès aux urgences médicales et un plan pour la fin des limites aux libertés de mouvement.
Le Haut Commissaire souhaite aussi des investigations sur la situation des minorités. Et un mécanisme indépendant sur les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire (DIH), notamment par les membres des forces de sécurité.
M. Zeid salue les mesures récentes prises par le gouvernement. Comme un nouveau ministère, une conférence nationale de paix et un Comité central pour la stabilisation de l'Etat de Rakhine. Il est prêt à soutenir les efforts des autorités.
/ATS