La lutte contre le VIH, la tuberculose et la malaria a avancé l'année dernière, après les reculs liés à la pandémie. Mais les défis comme le climat, les conflits et les inégalités menacent l'objectif de les éliminer d'ici 2030, a dit lundi à Genève le Fonds mondial.
'Même si nous avons obtenu des résultats record en 2022, il faudra prendre des mesures extraordinaires' pour atteindre celui-ci, admet le directeur exécutif Peter Sands. 'A cause de la pandémie, nous nous sommes davantage éloignés encore' d'un succès, a-t-il dit à quelques journalistes. L'objectif d'éliminer ces trois maladies comme menace sanitaire reste possible en cas de volonté politique et de financement suffisant, ajoute M. Sands.
En plus de 20 ans, les investissements du Fonds Mondial ont permis de sauver 59 millions de personnes, selon les estimations. Pour l'année dernière, le directeur exécutif fait état d'un 'redressement après les perturbations des prestations observées pendant la pandémie'. 'Ce n'est pas un hasard', dit-il, saluant les efforts de tous les partenaires du Fonds.
Jamais autant de personnes que l'année dernière, près de 25 millions, n'avaient pu recevoir des antirétroviraux grâce aux investissements du Fonds mondial. Plus de 53 millions d'individus ont été dépistés. Autre chiffre, plus de 15 millions ont été atteints par des dispositifs de prévention.
Côté tuberculose, jamais autant de personnes non plus n'avaient reçu des soins, plus de 6,7 millions. Près de 230 millions de moustiquaires ont été distribuées pour protéger les ménages contre la malaria, là encore un nombre jamais observé. Plus de 160 millions de cas ont été pris en charge.
Climat comme 'crise sanitaire mondiale'
'Il est trop tôt pour dire' si le nouveau vaccin, qui devrait être déployé largement en Afrique dans les prochains mois, 'changera la donne', estime aussi M. Sands. Le rapport entre le coût et l'efficacité 'reste à prouver', ajoute-t-il également.
Plus largement, les difficultés subsistent, selon le Fonds mondial. Le changement climatique affecte déjà les maladies infectieuses et la malaria est désormais observée dans des régions de montagnes en Afrique où elle n'était pas identifiée auparavant.
Après la pandémie, 'nous sommes déjà dans une nouvelle crise sanitaire mondiale' avec le climat, a dit M. Sands à quelques journalistes. 'Le simple fait que ce ne soit pas un nouveau pathogène ne signifie pas que nous ne devrions pas le considérer comme une menace sanitaire', dit-il, appelant la communauté internationale à une nouvelle approche et mentionnant les effets indirects du réchauffement.
2 milliards sur les systèmes de santé
Les désastres naturels ont provoqué une augmentation de la malaria au Malawi ou encore au Pakistan, jusqu'à quatre fois plus. Et l'insécurité alimentaire favorise des maladies comme la tuberculose. Autre problème, les conflits, comme en Ukraine ou au Soudan actuellement, rendent plus difficile l'accès à la santé pour les personnes les plus vulnérables.
Pour autant, 'nous n'avons pas d'indications chiffrées sur les effets cumulés de ces crises', admet encore le directeur exécutif. Parfois, plusieurs d'entre elles sont observées dans le même pays.
Pour anticiper les prochaines menaces sanitaires, le Fonds mondial va continuer de soutenir les acteurs communautaires et le renforcement des filières d'approvisionnement. Il va financer pour plus de deux milliards de dollars la solidification des systèmes de santé et la préparation aux prochaines pandémies, parmi plus de cinq milliards débloqués au total pour la réponse des différents Etats face au coronavirus. Le directeur exécutif alerte encore sur l'importance de garantir un accès équitable aux innovations.
/ATS