L'Allemagne a donné jeudi son feu vert à un texte clé du pacte migratoire européen. Elle ouvre ainsi la voie à un accord des Etats membres et un déblocage des difficiles négociations sur cette réforme du système d'asile de l'UE.
Le règlement est destiné à organiser une réponse européenne en cas d'afflux massif de migrants dans un pays de l'UE, comme lors de la crise des réfugiés de 2015-2016. Il permet notamment d'allonger la durée de détention des migrants aux frontières extérieures du bloc.
'Aujourd'hui, nous allons voter en faveur du compromis', a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser, lors d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. A Berlin, le chancelier Olaf Scholz a salué une 'percée'.
Présente à Bruxelles, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider s'était déclarée un peu plus tôt optimiste sur un éventuel accord. Il est urgent de 'trouver une réponse commune', avait-elle ajouté.
'Majorité incontestable'
La paralysie de ce 'règlement de crise', due notamment à des préoccupations allemandes d'ordre humanitaire, avait suscité la frustration au sein de l'UE, face à la hausse des arrivées de migrants à ses frontières extérieures et la situation sur l'île italienne de Lampedusa.
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, dont le pays exerce la présidence tournante du Conseil de l'UE, a constaté que le texte de compromis rassemblait désormais une 'majorité incontestable' au sein des Etats membres.
Il a chargé les ambassadeurs d'approuver formellement cette dernière pièce du pacte asile et migration de l'UE, qui devra ensuite faire l'objet de négociations avec le Parlement européen.
Régime dérogatoire
Le texte prévoit, en cas d'afflux 'massif' et 'exceptionnel' de migrants, la mise en place d'un régime dérogatoire moins protecteur pour les demandeurs d'asile que les procédures habituelles.
Il prolonge la durée possible de détention d'un migrant aux frontières extérieures de l'UE - jusqu'à 40 semaines -, et permet des procédures d'examen des demandes d'asile plus rapides et simplifiées pour un plus grand nombre d'exilés (tous ceux venant de pays dont le taux de reconnaissance, c'est-à-dire le taux de réponse positive aux demandes d'asile, est inférieur à 75%), afin de pouvoir les renvoyer plus facilement.
Il prévoit par ailleurs un déclenchement rapide de mécanismes de solidarité envers l'Etat membre confronté à cet afflux, sous la forme notamment de relocalisations de demandeurs d'asile ou d'une contribution financière.
/ATS