Des manifestants ont protesté mercredi soir devant le siège de la présidence à Brasilia. Ils ont critiqué le retour de l'ex-président Lula dans le gouvernement de Dilma Rousseff, annoncé quelques heures plus tôt.
Les participants étaient scandalisés par la publication d'une écoute judiciaire d'une conversation embarrassante entre la présidente Dilma Rousseff et l'ex-président Lula. Cet enregistrement accrédite, selon ces opposants, l'hypothèse d'une nomination destinée à éviter à Lula des poursuites judiciaires.
Dans cet enregistrement effectué dans la matinée par la police judiciaire, la présidente appelle Lula sur son téléphone placé sur écoute. Elle lui annonce qu'elle va lui faire parvenir son 'décret officiel' de nomination afin qu'il 's'en serve seulement en cas de nécessité'.
Cet extrait a été largement interprété comme la confirmation que l'un des objectifs de la nomination de Lula au gouvernement est bien de le protéger contre un éventuel placement en détention dans le cadre du scandale de corruption Petrobras.
Démission réclamée
La police a fait état de 2500 manifestants rassemblés devant le palais présidentiel à Brasilia, la capitale, tandis qu'à Sao Paulo, une manifestation s'est formée sur la grande avenue Paulista. Plusieurs dizaines de parlementaires d'opposition ont interrompu une séance du Congrès pour réclamer la démission de Dilma Rousseff.
Cette dernière a nommé Luiz Inacio Lula da Silva, qui fut son mentor, au poste de chef du secrétariat du gouvernement, selon un décret paru au journal officiel. Lula dispose ainsi d'une immunité à l'égard des instances judiciaires, à l'exception de la Cour suprême, alors que le parquet fédéral l'a inculpé de blanchiment d'argent et de fraude et a réclamé son arrestation.
Lula reste populaire
Dilma Rousseff a expliqué que Lula rejoignait le gouvernement pour partager son expérience politique, notamment en matière de lutte contre l'inflation et de stabilité budgétaire. Six ans après son départ, l'ex-président reste populaire auprès des classes défavorisées pour ses politiques sociales et de réduction des inégalités.
Dilma Rousseff a souligné que cette nomination ne préservait pas Lula de toute enquête et qu'il pouvait faire l'objet de poursuites de la part de la Cour suprême. La présidente est elle-même vivement contestée, sur fond de récession économique et d'inflation.
Scandale de corruption
Des centaines de milliers de personnes, jusqu'à trois millions selon certaines estimations, ont manifesté dimanche dans les grandes villes du pays pour exiger le départ de la présidente, par ailleurs menacée par une procédure de destitution au Congrès. Ses opposants l'accusent de manipulation des comptes publics pour favoriser sa réélection pour un second mandat de quatre ans en 2014.
Qu'il s'agisse du scandale de corruption autour de Petrobras , la compagnie pétrolière publique, ou de ces accusations sur la campagne présidentielle de 2014, Dilma Rousseff et Lula démentent toute malversation.
/ATS