Abdelkader Merah, frère du tueur de militaires et d'enfants juifs de Toulouse et Montauban Mohamed Merah, a été condamné jeudi à 20 ans de prison, par la cour d'assises spéciale à Paris. Il devra purger au moins les deux tiers de sa peine.
Cet ex-caïd de quartier franco-algérien de 35 ans, converti depuis 2006 à un islam radical, est soupçonné d'avoir été le mentor de son cadet. Il était jugé pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle et complicité d'assassinats.
La cour a retenu l'association de malfaiteurs terroriste criminelle mais pas la complicité d'assassinats qui aurait pu lui valoir la perpétuité. Les avocats de la partie civile se sont déclarées satisfaites, même si la peine maximale qu'ils souhaitaient pour Abdelkader Merah n'a pas été prononcée.
'Nous respectons cette décision de justice', a dit Me Olivier Morice, avocat d'une d'entre elles. 'Ce qu'il faut reconnaître et saluer, c'est que la justice française a condamné sereinement des terroristes pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.' L'accusation avait requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Abdelkader Merah, au terme de cinq semaines d'un procès sous haute tension.
La défense d'Abdelkader Merah a dit envisager de faire appel mais s'est montrée modérée sur la décision de la cour d'assises. 'En acquittant Abdelkader Merah du crime de complicité d'assassinat, la cour d'assises a rappelé que, même dans les affaires de terrorisme les plus graves, la preuve et la règle de droit n'étaient pas reléguées au rang d'accessoires', a dit aux journalistes Eric Dupond-Moretti.
Absence d'émotion
'Je dis et redis que je n'ai rien à voir avec les assassinats commis par mon frère', s'était borné à déclarer Abdelkader Merah jeudi matin à la cour, avant que les magistrats professionnels qui la composent se retirent pour délibérer.
Contrastant avec l'absence apparente d'émotion manifestée par Abdelkader Merah, le deuxième prévenu avait pour sa part demandé le pardon des familles de victimes. 'Je suis désolé de ce que j'ai pu faire (...) A aucun moment j'ai pu penser que Mohamed allait commettre de telles atrocités et je m'en voudrai jusqu'à la fin de mes jours', a-t-il dit.
La cour l'a condamné à 14 ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers. Né en Algérie il y a 35 ans, ce délinquant multirécidiviste de la cité toulousaine des Izards, où il a côtoyé Mohamed Merah, lui avait fourni un pistolet mitrailleur Uzi, une arme utilisée dans l'attaque de l'école Ozar Hatorah, et un gilet pare-balle.
L'avocate générale, tout en reconnaissant qu'il était avant tout un voyou 'opportuniste' sans affinité avec l'islam radical, avait estimé qu'il ne pouvait pas méconnaître la dangerosité de Mohamed Merah. Elle avait requis à son encontre 20 ans de prison. Ses avocats avaient dénoncé une volonté d'infliger une sanction 'pour l'exemple' sous la pression de l'opinion publique. Ils avaient demandé une 'peine juste'.
Plus de 240 morts depuis 2015
Mohamed Merah a été tué le 22 mars 2012 dans l'assaut de l'appartement où il s'était retranché. Il avait abattu trois militaires, trois écoliers de l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse et le père de deux d'entre eux, les 11, 15 et 19 mars.
Ces assassinats revendiqués par les 'Soldats du Califat', groupe affilié à Al Qaïda avec lequel il avait pris contact au Pakistan, ont bouleversé la perception du terrorisme islamiste, qui a fait plus de 240 morts en France depuis janvier 2015.
Abdelkader Merah est en détention provisoire depuis le 25 mars 2012 et Fettah Malki depuis le 1er juin 2013.
/ATS