Le chef des observateurs de l'ONU au Yémen a mis mercredi face à face représentants du gouvernement et des rebelles pour tenter de sauver la trêve à Hodeida, fragilisée par de nombreuses attaques. Il compte aussi appliquer d'autres clauses de l'accord récent de Suède.
Les deux parties ont eu deux entretiens sous la présidence du général néerlandais à la retraite, Patrick Cammaert, selon des sources yéménites au fait des tractations. La première réunion au caractère protocolaire a eu lieu autour d'un déjeuner et la deuxième a donné lieu à des discussions approfondies sur l'application de la trêve et les retraits envisagés, selon les mêmes sources
La délégation du gouvernement est arrivée dans la ville contrôlée par les rebelles dans un convoi de voitures de l'ONU, selon un responsable yéménite.
Cette rencontre a été décrite comme une 'priorité' de la mission du chef des observateurs de l'ONU, le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, par Stéphane Dujarric, le porte-parole du chef de l'organisation internationale. Elle s'est tenue sur fond de reprise d'affrontements sporadiques dans la ville portuaire de l'ouest du Yémen, front actif de la guerre et point d'entrée de l'essentiel de l'aide humanitaire et des importations de produits alimentaires.
Des duels d'artillerie et des échanges de tirs se sont produits dans la nuit, avant de cesser tôt mercredi, selon un correspondant de l'AFP. Ils ont opposé les rebelles Houthis, qui contrôlent de vastes pans du Yémen, dont la capitale Sanaa et Hodeida, et les forces gouvernementales soutenues par la coalition militaire sous commandement saoudien. Ces protagonistes sont pourtant tenus par une trêve prévue par l'accord parrainé par l'ONU et conclu en Suède qui est entré en vigueur le 18 décembre.
Cessez-le-feu de façade
Dans les faits, les combats, escarmouches et autres échanges de tirs n'ont pas réellement cessé depuis cette date et les deux parties n'ont cessé de s'accuser mutuellement de violer le cessez-le-feu. Mardi, un responsable de la coalition militaire sous commandement saoudien a accusé les rebelles Houthis d'avoir violé à '183 reprises' la fragile trêve à Hodeida.
Selon ce responsable qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, dix membres des forces progouvernementales yéménites ont été tués dans la province depuis l'entrée en vigueur de la trêve il y a une semaine. 'Malheureusement les Houthis tentent de provoquer une réponse de la coalition', a-t-il accusé, en donnant pour la première fois un bilan des morts du côté progouvernemental depuis le 18 décembre.
De leur côté, les rebelles affirment quotidiennement que les forces adverses se rendent responsables des mêmes violations. Depuis son arrivée au Yémen samedi, M. Cammaert a appelé aussi bien les Houthis que le camp progouvernemental à respecter la trêve. Lors d'une réunion avec les responsables de la ville lundi soir au siège de la province de Hodeida, il a longuement plaidé dans ce sens.
Retraits envisagés
'Nous ne pouvons pas résoudre votre problème à votre place, vous devez le faire vous-mêmes. Et cela signifie que nous allons nous asseoir, nous allons discuter, nous allons surmonter les obstacles et aller de l'avant', a-t-il déclaré. 'Il est extrêmement important que les deux parties respectent (le cessez-le-feu) et qu'elles cessent de blâmer l'autre partie' de le violer, a-t-il ajouté.
Outre la consolidation du cessez-le-feu, le chef des observateurs de l'ONU doit évoquer avec les deux parties le retrait des combattants des ports de Hodeida, de Salif et de Ras Issa, dans la même province. Un responsable de la coalition sous commandement saoudien avait récemment affirmé que ce retrait était prévu pour le 31 décembre et que celui des forces des deux parties de la ville était programmé pour le 7 janvier.
Les forces progouvernementales et la coalition ont lancé en juin une offensive pour reprendre aux Houthis cette ville devenue un enjeu stratégique de la guerre au Yémen. Le conflit dans ce pays pauvre de la péninsule Arabique a fait au moins 10'000 morts depuis 2015 et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon les Nations unies.
/ATS