Le président américain Donald Trump, venu mardi se recueillir dans la synagogue de Pittsburgh où un tireur antisémite a tué 11 fidèles, a été accueilli par des manifestants opposés à sa venue. Quelque 2000 personnes l'ont appelé à arrêter ses diatribes incendiaires.
Accompagné de son épouse Melania, de sa fille Ivanka, convertie au judaïsme, et de son gendre Jared Kushner, le milliardaire républicain venait témoigner de la solidarité des Américains avec Pittsburgh. Il a allumé une bougie pour chacune des onze victimes de l'attaque antisémite la plus meurtrière jamais perpétrée aux Etats-Unis.
Dans un silence glacé, un organisateur de la manifestation lui a adressé ce message: 'La violence de samedi est une conséquence directe de votre influence. Président Trump, vous n'êtes pas le bienvenu à Pittsburgh tant que vous ne renoncez pas au nationalisme blanc'.
Le maire démocrate de Pittsburgh, Bill Peduto, avait pour sa part conseillé au président de reporter sa visite pour laisser aux familles des victimes le temps d'enterrer leurs morts. 'Je pense que ce serait mieux de concentrer notre attention sur ces familles cette semaine et, s'il doit y avoir une visite, de choisir un autre moment', avait-il déclaré sur CNN.
'Deux êtres merveilleux'
Pittsburgh a commencé mardi à faire ses adieux aux victimes. Unis dans la mort, comme ils l'étaient dans la vie, deux frères âgés de 59 et 54 ans ont été enterrés ensemble trois jours après avoir été abattus par le tireur. Des centaines de personnes, 'anéanties' par la douleur, ont suivi leurs funérailles dans une autre synagogue, à environ cinq minutes en voiture des lieux du crime.
Selon la presse locale, les funérailles de deux autres victimes de la fusillade ont également été célébrées mardi dans la plus stricte intimité.
Leur meurtrier, âgé de 46 ans, qui a également fait six blessés, a été arrêté après des échanges de tirs avec les policiers. Inculpé de 29 chefs d'accusation, il encourt la peine de mort.
'Je voulais juste tuer des juifs', a-t-il expliqué après son arrestation, en les accusant d'être responsables d'un 'génocide' des Blancs, selon une rhétorique chère à l'extrême droite. Pour les détracteurs de Donald Trump, ce type de discours s'est banalisé depuis son accession à la présidence.
Politiciens absents
S'il mène une politique clairement pro-israélienne, le magnat de l'immobilier a parfois semblé ménager les suprématistes blancs. Et il s'en prend souvent à des personnalités juives comme George Soros en utilisant les termes de l'extrême droite.
Malgré les appels à l'apaisement, M. Trump n'a pas changé de ton à quelques jours d'élections législatives cruciales pour la suite de son mandat. Lundi il évoquait encore une 'invasion' de migrants ou des médias 'ennemis du peuple'.
Signe de la gêne que cette attaque a provoquée à Washington, aucun des dirigeants du congrès n'a souhaité accompagner M. Trump à Pittsburgh à une semaine des élections cruciales de mi-mandat.
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, celui du groupe démocrate, Chuck Schumer, le président républicain de la chambre des représentants, Paul Ryan, et la chef de file des élus démocrates, Nancy Pelosi, ont tous décliné l'invitation, a-t-on appris de source au fait du dossier.
L'Anti-Defamation League (ADL), une ONG juive combattant l'antisémitisme et la haine raciale, avait dénoncé la semaine dernière l'intensification sur Internet des attaques visant les juifs, en particulier les journalistes, en écho à la rhétorique incendiaire de Trump.
/ATS