Le corps d'un homme a été retrouvé dimanche dans sa voiture immergée à Saint-Martin-Vésubie en France. Cela porte à au moins quatre le nombre de morts causés par les intempéries meurtrières qui ont frappé le sud-est de la France et le nord de l'Italie vendredi.
'Il y a eu une pluie torrentielle le vendredi matin, et à 17h00, tout s'est écroulé. Les maisons, les parkings, la caserne des pompiers... Tous ceux qui étaient près de la rivière, on est 30 familles à avoir perdu notre maison, et tout ce qu'on possédait': dimanche, Sandra Dizdt, une retraitée de 62 ans vivant à Saint-Martin-Vésubie, a décrit à l'AFP la violence de l'épisode qui a frappé l'arrière-pays niçois.
Deux jours après ce déluge, les pompiers des Alpes-Maritimes dénombraient toujours huit personnes 'disparues', et 13 autres 'recherchées' -les personnes portées disparues ayant été emportées par les flots devant des témoins. Côté italien, les autorités ont déjà fait état de trois morts, dont un berger retrouvé, selon les pompiers italiens, en France.
Quatre corps échoués
Par ailleurs, au moins quatre corps ont été découverts dimanche échoués sur les côtes italiennes, ont annoncé l'agence de presse italienne Ansa et d'autres médias. Les autorités italiennes et françaises cherchaient conjointement à déterminer leur identité.
Les autorités ligures n'ayant pas fait état de disparus jusqu'ici, l'hypothèse privilégiée des enquêteurs est que certaines des victimes sont des personnes portées disparues ou recherchées en France, selon l'agence. Les autorités françaises n'ont pas commenté ces informations. Le bilan précis des intempéries n'était donc pas connu dimanche soir.
Plus de 950 pompiers étaient encore à pied d'oeuvre du côté français de la frontière dimanche, poursuivant la reconnaissance des zones encore isolées, participant aux opérations de déblaiement et ravitaillant les populations, ont-ils précisé.
'Hors norme'
A Saint-Martin-Vésubie, à Breil-sur-Roya, ou côté italien aussi, les mêmes images: maisons effondrées ou emportées par les flots, voitures englouties sous la boue, ponts et routes arrachés.
'Ce que nous vivons est hors norme, on est habitués à voir des images de tels désastres sur d'autres continents, avec un certain détachement parfois, et là, c'est quelque chose qui nous a touchés nous', a déploré dimanche auprès de l'AFP le préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez.
A Saint-Martin-Vésubie, village de 1400 habitants dans la montagne au nord de Nice inaccessible en voiture, même le parc à loups a été détruit par les crues. Dimanche, des groupes de touristes et d'habitants, hagards, se sont massés dans la journée sur la place centrale en attendant d'être appelés pour être évacués par hélicoptère, a constaté une journaliste de l'AFPTV qui a pu accéder aux lieux à pied.
'Du jamais vu'
En Italie, cela faisait des décennies que les habitants n'avaient pas vu un tel désastre: de la riviera aux vallons du Piémont, le déluge a dévasté des villages entiers, emporté ponts et routes, aggravant la détresse des habitants après des mois d'un confinement ruineux pour l'activité locale.
'La situation est très grave. C'est comme en 1994', lorsque la crue du Pô et du Tarano avait fait 70 morts, a déclaré le président du Piémont, Alberto Cirio, au quotidien italien La Stampa. 'Avec une différence, c'est que 630 mm d'eau sont tombés en 24 heures, du jamais vu en si peu de temps depuis 1954', a-t-il assuré.
A Vintimille, à quelques encablures de la frontière française, les commerçants ont nettoyé dimanche leurs boutiques noyées par les eaux et la boue, a constaté un correspondant de l'AFP et les associations s'inquiètaient du sort de migrants, qui dorment souvent le long des berges de la Roya, alors que la crue a été violente.
Les régions italiennes du Piémont et de la Ligurie ont demandé à Rome de décréter l'état d'urgence. En France, l'Etat a lancé la procédure de 'catastrophe naturelle'. Le Premier ministre français Jean Castex n'a pas caché 'sa vive inquiétude' sur le bilan définitif de ces intempéries exceptionnelles.
/ATS