Nouvelle journée de mobilisation contre le pass sanitaire

Ils ne désarment pas: les opposants de tous bords au pass sanitaire défilent dans les rues ...
Nouvelle journée de mobilisation contre le pass sanitaire

Nouvelle journée de mobilisation contre le pass sanitaire

Photo: KEYSTONE/AP/Adrienne Surprenant

Ils ne désarment pas: les opposants de tous bords au pass sanitaire défilent dans les rues de nombreuses villes de France pour le cinquième samedi d'affilée, quelques jours après la généralisation du dispositif dans la plupart des lieux publics.

A Paris, les deux principaux cortèges annoncés ont commencé à battre le pavé derrière un large éventail des mots d'ordre tels que 'libérons la France' ou 'stop coronafolie', 'oui à la liberté de choisir' ou encore 'reprends ton pass Macron et dégage'.

'Les vaccins font énormément de dégâts (...) ', a dénoncé un retraité de 71 ans qui a rallié depuis Alençon (Orne) la manifestation lancée dans la capitale par l'ex-figure du Rassemblement national Florian Philippot et son mouvement des Patriotes.

Dans le défilé parisien concurrent organisé par des 'gilets jaunes', une retraitée a pesté contre 'l'idée de ne plus pouvoir aller où (elle) veut'. Quant à un clerc de notaire de 30 ans venu de l'Indre, il a dénoncé dans le pass sanitaire 'une mesure liberticide, ségrégationniste'.

Depuis ses débuts au coeur de l'été le mois dernier, cette mobilisation antigouvernementale bigarrée et hétéroclite n'en finit plus de grossir. Sans incident majeur jusque-là, elle attire aussi familles et primo-manifestants apolitiques que soignants ou pompiers en tenue et dépasse la seule mouvance anti-vaccin ou complotiste.

Bataille de chiffres

Ils étaient un peu plus de 237'000 la semaine dernière, selon le ministère de l'Intérieur, soit plus du double de l'ampleur des débuts du mouvement mi-juillet.

Les manifestants accusent le gouvernement de sous-estimer la protestation anti-pass sanitaire. Le collectif militant Le Nombre Jaune, qui publie sur Facebook un décompte ville par ville, a recensé samedi dernier plus de 415'000 participants 'minimum' en France.

Plus de 200 manifestations sont encore prévues ce week-end sur l'ensemble du territoire. Les autorités pronostiquent 'environ 250'000 manifestants', a confié une source policière à l'AFP.

Hors Paris, les cortèges les plus importants sont attendus dans le sud, où Toulon, Montpellier, Nice, Marseille ou Perpignan se sont imposées comme des foyers majeurs de contestation.

'Atteintes aux libertés'

Un millier de personnes ont marché dès la matinée contre les 'atteintes aux libertés' à Lannion (Côtes-d'Armor) à l'initiative d'un collectif regroupant LFI, Attac et des syndicats. Selon la presse locale, le chiffre a doublé en deux semaines.

Depuis lundi, le pass sanitaire s'est imposé dans la plupart des lieux publics. Bars, restaurants, cinémas, transports longue distance, musées ou hôpitaux exigent ce QR code qui témoigne d'une vaccination complète contre le Covid-19, d'un test négatif ou d'un rétablissement face à la maladie.

Face à cette généralisation du dispositif, validée par le Conseil constitutionnel, les manifestants dénoncent une entrave à leur 'liberté' ou un 'manque de recul' sur les vaccins.

Antisémitisme décomplexé

Une frange de ce mouvement très divers, sans véritable tête, assume un antisémitisme décomplexé, pendant que certains centres de vaccination ou pharmacies sont traités de 'collabos' et victimes d'actes de malveillance. Une enseignante sera ainsi jugée en septembre pour avoir brandi une pancarte ciblant des personnalités juives à Metz samedi dernier.

Ces accusations agacent le gouvernement, confronté à une explosion meurtrière de l'épidémie en Guadeloupe et en Martinique. Depuis la Martinique reconfinée, le ministre de la Santé Olivier Véran a fustigé jeudi un mouvement 'dont on parle beaucoup trop', et qui arbore 'des pancartes extrêmement bariolées et des motifs parfois extrêmement douteux, voire complètement crades.'

L'exécutif espère toujours convaincre les indécis pour atteindre l'objectif de 50 millions de Français ayant reçu une première injection à la fin du mois d'août, en brandissant la situation catastrophique aux Antilles comme un repoussoir.

La vaccination y est trois fois plus faible qu'en métropole et la flambée épidémique provoquée par le variant Delta une 'preuve par l'exemple' de l'urgence à se faire vacciner, selon le Premier ministre Jean Castex.

Le dialogue de sourds entre manifestants et gouvernement pourrait se poursuivre au-delà des vacances.

Dans les cortèges, de nombreux protestataires s'inquiètent d'une hypothétique obligation vaccinale des enfants pour aller à l'école. A Paris, une maman de 44 ans s'y est résolument opposée samedi, estimant que son fils de 17 ans 'risque moins s'il attrape le Covid qu'en étant vacciné'.

/ATS