Angela Merkel a annoncé lundi qu'elle maintenait sa politique à l'égard des réfugiés malgré le revers subi par son parti aux élections régionales. Elle a estimé que la poussée de l'extrême droite relevait d'un vote protestataire sur une question 'pas encore résolue'.
'Nous devons le dire, la journée d'hier a été difficile pour la CDU', a reconnu la chancelière allemande lors d'une conférence de presse. 'Nous avons fait du chemin pour trouver une solution à la question des réfugiés mais il n'y a pas encore de solution durable. Je suis tout à fait convaincue qu'il faut une réponse européenne et que cette solution prendra du temps', a-t-elle dit.
'Dans l'ensemble, je vais continuer ce que j'ai fait ces derniers mois', a-t-elle souligné devant la presse. Elle oppose ainsi une fin de non-recevoir aux appels de ses détracteurs, en Allemagne comme en Europe. Ils lui demandent notamment de fixer un plafond aux migrants accueillis en Allemagne, après l'arrivée de 1,1 million de demandeurs d'asile en 2015.
Score historique
Au terme d'une campagne dominée par la crise des migrants, l'Union des chrétiens démocrates (CDU) a reculé dans le Bade-Wurtemberg, en Rhénanie-Palatinat et en Saxe-Anhalt, les trois Länder où l'on renouvelait dimanche les parlements régionaux.
Le score historique réalisé par le parti anti-immigration Alternative für Deutschland (AfD) dans le land oriental de Saxe-Anhalt est une réponse cinglante au 'Wir schaffen das' (Nous y arriverons), de Mme Merkel. Elle l'a répétée comme un mantra pour convaincre ses compatriotes que l'Allemagne avait les ressources nécessaires pour prendre en charge ces arrivées massives.
Le parti coprésidé par Frauke Petry et Jörg Meuthen a obtenu plus de 24% des suffrages en Saxe-Anhalt, dont il devient la deuxième force politique. C'est la première fois que ce parti qui a fait campagne avec des slogans tels que 'Sécurité des frontières' ou 'Stop au chaos de l'asile' arrive en deuxième position dans un Land.
Vote protestataire
Pour Mme Merkel cependant, il s'agit avant tout d'un 'vote protestataire (dû) à la question non résolue des réfugiés'. Selon elle, les scores cumulés des partis soutenant sa politique migratoire (chrétiens-démocrates, Verts et sociaux-démocrates) montrent qu'elle est sur la bonne voie. 'C'est bien quand il y a un grand consensus sociétal', a-t-elle dit.
Sur le front intérieur, le patron de la CSU Horst Seehofer, l'allié bavarois de la CDU qui s'oppose à la politique migratoire généreuse de Mme Merkel, a jugé lundi que 'la réponse' à la défaite électorale 'ne peut pas être : on continue comme avant'.
Pour lui, l'Allemagne a vécu un 'tremblement de terre politique'. La chancelière doit éviter 'le crash' des chrétiens-démocrates sous l'effet de la poussée des populistes de l'AfD sur sa droite.
Entrée en scène fracassante
Avec la percée de l'AfD, l'Allemagne rejoint une tendance européenne plus large, qui voit depuis des années les mouvements d'extrême droite gagner du terrain et s'installer dans le paysage politique, de la Grande-Bretagne à la Slovaquie.
/ATS