Un total de 121 personnes ont été tuées au Nicaragua depuis le début de la vague de manifestations lancée mi-avril contre le gouvernement du président Daniel Ortega, a annoncé mardi une ONG locale. Environ 1300 autres ont été blessées.
Ce bilan s'est alourdi ces derniers jours avec les 10 morts enregistrés dans des violences entre manifestants et forces de l'ordre à Masaya, dans le sud de ce petit pays d'Amérique centrale, a précisé à l'AFP Marlin Sierra, secrétaire exécutif le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).
Depuis plusieurs jours, Masaya est devenu l'épicentre des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Ces dernières tentent de dégager les nombreuses barricades obstruant les rues de cette ville de 100'000 habitants.
Plusieurs habitants ont notamment fait état lundi de deux exécutions sommaires de manifestants désarmés, dont un mineur de 15 ans. Un policier a également été tué selon les autorités. Et mardi, les violences ont gagné la perle touristique de Granada, à 46 km au sud-est de la capitale Managua, où un adolescent a été tué par balle, selon le Cenidh.
Groupes armés
Un prêtre de Granada, Wilmer Perez, avait auparavant indiqué à la chaîne de TV 100% Noticias que le jeune homme s'était trouvé au milieu d'affrontements entre manifestants et forces gouvernementales qui tentaient de lever des barricades par la force.
M. Perez a indiqué avoir entendu dès la matinée de nombreuses 'détonations d'armes à feu et de grenades'. Selon des témoins, les barricades ont été installées pour empêcher des groupes armés inféodés au gouvernement de piller et incendier les commerces. Ces accusations sont reprises par les manifestants et habitants de nombreuses villes du pays.
'Conspiration'
Héros de la révolution sandiniste qui avait renversé la dictature en 1979, Daniel Ortega voit le vent tourner contre lui depuis la mi-avril.
Il est confronté à une vague de contestation sans précédent, déclenchée par une réforme des retraites abandonnée depuis, mais qui a vite tourné à un mouvement général de rejet du chef de l'Etat, accusé de brider les libertés et de confisquer le pouvoir. Il dirige le Nicaragua depuis 2007, après un premier passage de 1979 à 1990.
M. Ortega dénonce une 'conspiration de l'opposition' visant à le renverser, alors que ses opposants l'accusent de faire appel à des groupes de civils armés mobilisés en milice.
/ATS