Des centaines de milliers de Sud-Coréens sont descendus dans les rues de Séoul samedi pour l'une des plus grandes manifestations antigouvernementale jamais vue dans le pays. Ils exigeaient la démission de la présidente Park, empêtrée dans un retentissant scandale.
Il s'agit du troisième week-end de manifestations depuis que la présidente Park Geun-Hye a présenté des excuses publiques, le 25 octobre. Elle est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, Choi Soon-Sil.
Les organisateurs, cités par l'agence Yonhap, ont affirmé que la manifestation avait regroupé un million de personnes. La police, qui avait déclaré dans un premier temps s'attendre à une foule de quelque 170'000 personnes, a estimé à 260'000 le nombre de manifestants, selon la même agence de presse.
'Démission, démission, vous devez démissionner!', a scandé la foule, non loin de la Maison bleue, le siège de la présidence. Les autorités ont appelé au calme et 25'000 policiers ont été déployés dans la capitale, bloquant tous les accès à la Maison bleue.
'Qu'elle nous entende rugir!'
A la nuit tombée, une marée humaine avait envahi le boulevard Gwanghwamun, brandissant des bougies et scandant des slogans réclamant la démission de la présidente. Des lycéens y côtoyaient des retraités, des religieuses catholiques, de jeunes couples venus avec leurs enfants ou des agriculteurs.
La manifestation qui s'est déroulée au son des tambours est restée pacifique, les militants se succédant sur une tribune géante pour galvaniser la foule. 'Nous sommes si proches de la Maison bleue. Qu'elle nous entende rugir!', s'est exclamé un orateur sous les acclamations.
Lors d'une conférence de presse vendredi, le Premier ministre adjoint Lee Joon-Sik a demandé 'que le public coopère afin que la manifestation soit légale et pacifique'. Des dizaines de milliers de protestataires avaient été acheminés à Séoul en bus et en train. Un groupe d'un millier de manifestants est même venu par avion de l'île méridionale de Jeju.
Détournement de fonds
Amie et confidente de Mme Park, Choi Soon-Sil aurait profité de son ascendant sur la présidente pour contraindre des groupes industriels nationaux, comme Samsung, à verser de larges sommes à des fondations douteuses, sommes qu'elle aurait ensuite utilisées à des fins personnelles. Elle a été arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir.
Mais l'opinion publique s'inquiète aussi de savoir si Mme Choi s'est ingérée dans les affaires de l'Etat et a eu accès à des documents confidentiels alors qu'elle n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité.
La présidente a présenté plusieurs fois des excuses, limogé de hauts responsables et a même accepté de renoncer à certaines de ses prérogatives, mais en vain. Ses opposants affirment qu'elle ne comprend pas la gravité de la crise en cours.
Impopularité record
Des membres des partis de l'opposition ont pris part à la manifestation de samedi, signe probable que les parlementaires entendraient de plus en plus prendre des mesures pour destituer la présidente. Mais pour l'heure, aucune procédure n'a été engagée en ce sens.
La cote de popularité de Park a chuté à 5%, selon un sondage réalisé par l'institut Gallup-Korea et rendu public vendredi. C'est la cote la plus baisse jamais enregistrée par un chef de l'Etat sud-coréen élu depuis l'avènement de la démocratie en 1988.
/ATS