Les Kurdes d'Irak se prononceront bien lundi sur l'indépendance de leur région autonome, a annoncé dimanche Massoud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan (GRK). Il a tenté de dissiper les inquiétudes de l'Iran et de la Turquie.
'Nous allons au référendum', a confirmé Barzani, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à Erbil, la capitale du territoire administré par les Kurdes dans le nord de l'Irak. Il a balayé l'hostilité des principaux acteurs de la région, qui redoutent les conséquences de cette consultation.
Si comme il l'espère le 'oui' l'emporte, l'exécutif autonome cherchera à engager un dialogue avec le gouvernement central de Bagdad, dirigé par les chiites, en vue de mettre en oeuvre l'indépendance. Même si, a-t-il précisé, cela doit prendre deux ans ou plus.
Mais, a-t-il prévenu, 'nous ne reviendrons jamais à Bagdad pour renégocier le partenariat qui a échoué', ajoutant que l'Irak était devenu un Etat 'théocratique, confessionnel' et non la démocratie qui était censée être érigée après le renversement de Saddam Hussein en 2003. 'Seule l'indépendance peut consoler les mères de nos martyrs. Seule l'indépendance peut nous permettre de garantir notre avenir', a-t-il dit.
Liaisons suspendues
Barzani a tenté de dissiper les inquiétudes de l'Iran et de la Turquie, les deux puissants voisins de l'Irak qui redoutent une déstabilisation de la région tout entière, en s'engageant à respecter les frontières internationales. Téhéran comme Ankara craignent les répercussions qu'aurait une sécession du Kurdistan irakien sur leurs propres régions kurdes.
A la demande du gouvernement central de Bagdad, l'Iran a du reste annoncé dimanche la suspension des liaisons aériennes à destination d'aéroports au Kurdistan irakien. Cité par l'agence de presse Fars, Keyvan Khosravi, porte-parole de la plus haute instance de sécurité de la république islamique, a ajouté que l'espace aérien iranien était également interdit aux vols en provenance d'Erbil et de Souleimaniye, les deux aéroports du Kurdistan irakien.
Cet embargo aérien est la première mesure concrète prise en riposte au référendum. De son côté, Ankara s'est dit prêt à mettre en oeuvre des mesures de rétorsion d'ordre sécuritaire, économique, politique et diplomatique.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu par téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani et les deux hommes ont dénoncé 'le chaos' que provoquera cette consultation dans la région, selon des sources présidentielles turques.
Mesures nécessaires
Les Etats-Unis ont également exhorté le GRK à annuler le vote. Dimanche matin, l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad a lancé une mise en garde à ses ressortissants face aux risques d'incidents susceptibles d'éclater.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une déclaration mettant en garde contre son effet 'potentiellement déstabilisateur' pour l'Irak.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a pour sa part affirmé dimanche qu'il prendrait 'les mesures nécessaires' pour préserver l'unité du pays après la décision de la région autonome du Kurdistan de tenir un référendum d'indépendance lundi
Le gouvernement irakien a en outre demandé dimanche à tous les pays de ne traiter qu'avec lui pour les transactions pétrolières après la décision de la région autonome du Kurdistan de maintenir lundi son référendum d'indépendance.
Chaos dénoncé
Malgré ces mises en garde, à Erbil, capitale du Kurdistan et fief du président Barzani, les drapeaux kurdes flottent partout dans les rues. La majorité des gens affirment vouloir aller voter pour ce scrutin historique, mais en craignent les conséquences.
Les Kurdes sont appelés à voter dans les trois gouvernorats qui forment depuis 2003 la région autonome du Kurdistan, mais aussi dans les territoires que se disputent les Kurdes et les autorités de Bagdad, comme la riche province pétrolière de Kirkouk.
/ATS