Législatives afghanes: un scrutin dans la crainte d'attaques

Les électeurs afghans se rendent aux urnes samedi dans la crainte de nouveaux attentats. Les ...
Législatives afghanes: un scrutin dans la crainte d'attaques

Législatives en Afghanistan: dépouillement après le chaos et la violence

Photo: KEYSTONE/EPA/JAWAD JALALI

Le dépouillement des bulletins a commencé en Afghanistan au terme d'une journée de scrutin législatif marquée par des violences. Un attentat-suicide a notamment été perpétré en fin de journée à Kaboul, tuant au moins 15 personnes.

Le vote n'est pas pour autant terminé, 401 bureaux qui n'ont pu ouvrir samedi en raison de divers dysfonctionnements - liste électorale incorrecte, manque d'assesseurs, terminaux biométriques récalcitrants - ouvriront dimanche, qui a été décrété férié.

L'attentat survenu dans un quartier du nord de Kaboul a fait au moins 15 morts -dix civils et cinq policiers- et 20 blessés. Un suspect a été repéré par la police aux abords d'un bureau de vote. Il a actionné la charge explosive qu'il transportait avant d'être neutralisé, a indiqué le porte-parole de la police, Basir Mujahid.

Près de 200 'incidents'

Le vice-ministre de l'Intérieur Akhtar Mohammad Ibrahimi a indiqué au cours d'une conférence de presse que 36 personnes avaient été tuées, dont 27 civils, lors de 193 incidents sur tout le territoire. Une centaine de civils ont également été blessés lors d'attaques par des hommes armés de 5 bureaux de vote, par plus de 70 tirs de roquettes et un nombre indéterminé d'explosions d'engins artisanaux.

Le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid, qui dans la matinée avait sommé une nouvelle fois les citoyens de 's'abstenir de participer à ce processus théâtral afin de protéger leurs propres vies', a indiqué que '407 attaques (avaient) été menées'. Elles ont fait selon lui 'échouer l'élection'.

Des centaines de personnes ont déjà été tuées ou blessées lors d'attentats en lien avec le scrutin ces derniers mois. Et au moins 10 candidats ont été abattus, la plupart dans des attaques ciblées. Des milliers de policiers et soldats ont été déployés à travers le pays et un nombre restreint de bureaux de vote ont été ouverts.

'Multiples défaillances'

Sur les 8,9 millions d'inscrits, la participation à été évaluée à 3 millions de personnes samedi dans les 4500 bureaux de vote qui ont accueilli les électeurs, selon la Commission électorale indépendante (CEI) qui organise le scrutin. Avec les votes restant encore à exprimer dimanche, la participation devrait selon elle approcher les 5 millions. Environ 1 million de personnes ont voté dans la capitale Kaboul, où la population est estimée à plus de 5 millions de personnes.

'Il faut saluer l'enthousiasme et la participation des Afghans malgré les menaces, les actes d'intimidation et les attentats', a déclaré un haut responsable international chargé de la sécurité. 'Le processus électoral devra être examiné à la loupe parce qu'il est clair qu'il y a eu de multiples défaillances', a-t-il toutefois ajouté.

L'équipement biométrique utilisé pour vérifier l'identité des électeurs a été livré à la dernière minute sans avoir été testé au préalable et semble notamment avoir causé d'importants problèmes. La Commission électorale indépendante a prolongé de plusieurs heures les opérations de vote dans certains bureaux de vote. D'autres bureaux, restés fermés samedi, ouvriront dimanche.

Scrutin repoussé à Kandahar

Le vote a été repoussé d'une semaine dans la province de Kandahar après l'assassinat du puissant chef de la police régionale, le général Abdul Razeq, l'un des plus importants responsables de la sécurité du pays, tué jeudi dans une fusillade. L'attentat a été revendiqué par les talibans. Le scrutin a également été retardé dans la province de Ghazni, dans le centre de l'Afghanistan, à cause d'un différend sur la représentation des différents groupes ethniques.

Les accusations généralisées de fraude constituent un problème supplémentaire pour la légitimité du processus. L'Afghanistan est un des pays les plus corrompus, selon le classement de Transparency International.

Plus de 2500 candidats étaient en lice pour les 249 sièges à la chambre basse du parlement. Il s'agit pour la plupart d'élus déjà établis, de descendants de seigneurs de la guerre, d'hommes d'affaires ou de membres de la société civile.

En raison de la difficulté de collecter des résultats, les résultats globaux ne seront pas connus avant au moins deux semaines. La composition du nouveau Parlement est attendue le 10 novembre.

/ATS