Le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa a été élu lundi à la tête du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994. Il va succéder au très contesté président Jacob Zuma, à deux ans d'élections cruciales pour l'avenir du parti et du pays.
'Nous proclamons le camarade Cyril Ramaphosa nouveau président du Congrès national africain', a déclaré à la tribune de la conférence du parti une responsable de la commission chargée du scrutin. Au terme d'un duel très serré, M. Ramaphosa a devancé de 179 voix à peine son unique rivale, l'ancienne patronne de l'Union africaine (UA) et ex-épouse de M. Zuma, Nkosazana Dlamini Zuma.
M. Ramaphosa a obtenu 2446 voix, des 4776 délégués réunis à Johannesburg, et son adversaire 2261. Sa victoire a été annoncée au terme de plusieurs heures de dépouillement. Elle a été accueillie par un tonnerre d'acclamations de ses partisans et les sifflets de ceux de son adversaire, témoins des fractures qui divisent le parti.
Ancien syndicaliste
Fort de ce succès, M. Ramaphosa pourrait devenir en 2019 le nouveau président du pays à la fin du mandat de Jacob Zuma, en cas de victoire de l'ANC aux élections générales.
Soutenu par l'aile modérée du parti, très apprécié des marchés, Cyril Ramaphosa, 65 ans, a fait campagne en dénonçant la corruption du clan Zuma. Ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires, il a aussi promis de relancer l'économie du pays, qui peine à sortir de la crise, et de créer des emplois pour faire reculer un taux de chômage au plus haut à plus de 27%.
Ses critiques lui ont toutefois reproché de défendre les seuls intérêts des classes les plus aisées.
Redressé le parti
Face à lui, Nkosazana Dlamini Zuma, 68 ans, avait repris le discours de son ex-époux sur la nécessaire 'transformation radicale de l'économie' au profit de la majorité noire. Un quart de siècle après la chute de l'apartheid, des millions de Sud-Africains continuent à vivre dans la pauvreté.
Ses adversaires la soupçonnaient d'être la 'marionnette' de Jacob Zuma et de lui avoir promis l'immunité dans les nombreux scandales politico-financiers où il est accusé.
Sitôt aux commandes, le nouveau président élu de l'ANC va devoir s'atteler d'urgence au redressement du parti. Son étoile a sérieusement pâli depuis sa victoire aux premières élections libres de l'histoire de l'Afrique du Sud en 1994 et l'arrivée au pouvoir de son icône Nelson Mandela.
M. Zuma laisse derrière lui un ANC profondément déchiré par son règne et la longue bataille pour sa succession. Nombre d'analystes ont anticipé un éclatement du parti et lui prédisent déjà une défaite historique en 2019.
/ATS