Le petit robot spatial franco-allemand Mascot a atterri sans encombre mercredi sur l'astéroïde Ryugu après avoir été largué par la sonde japonaise Hayabusa2. Cette mission-éclair pourrait fournir de précieuses données sur la naissance du système solaire.
L'engin a pu travailler plus de dix-sept heures mais ses batteries sont désormais épuisées, signant la fin d'une 'mission réussie', a annoncé en soirée l'agence spatiale française Cnes. Il 'a plus que rempli sa mission et dépassé nos attentes', a-t-elle déclaré. 'Les scientifiques vont maintenant s'atteler à analyser toute la moisson de données'.
L'atterrissage 's'est très bien passé. C'est un très grand succès', avait auparavant déclaré Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes. 'Mascot va bien. Ses instruments sont en état de fonctionnement. Il communique bien avec la sonde', avait précisé Aurélie Moussi, cheffe du projet Mascot au Cnes.
Le robot avait posté une photo de son site d'atterrissage, peu hospitalier, sur son compte Twitter, animé par l'agence spatiale allemande DLR. 'Hello la Terre. J'avais promis de vous envoyer des images de Ryugu. Voilà ce que j'ai pris pendant ma descente. Pouvez-vous repérer mon ombre?', écrivait-il.
A plus de 300 millions de kilomètres de la Terre, le robot, dépourvu de panneaux solaires, doit travailler rapidement, car il ne peut compter que sur ses batteries pour fonctionner. Elles sont prévues pour durer au maximum 16 heures.
Long périple
L'appareil, d'une masse de 10 kg et de la taille d'une boîte à chaussures, a rejoint deux micro-robots japonais Minerva, arrivés il y a une dizaine de jours sur Ryugu, astéroïde en forme de diamant de 900 mètres de long. L'agence spatiale nippone Jaxa avait alors salué une première mondiale pour ce type de mission, après une précédente tentative japonaise ratée en 2005.
L'aventure a débuté le 3 décembre 2014 pour la sonde Hayabusa2, partie pour un long périple de 3,2 milliards de kilomètres. Il lui a fallu exactement trois ans et dix mois pour parvenir à destination: en juin dernier, elle s'est finalement stabilisée à 20 kilomètres de Ryugu, un astéroïde très ancien qui date de la formation du système solaire.
Pour larguer Mascot (Mobile Asteroid Surface Scout) mercredi, Hayabusa2 s'est rapprochée jusqu'à 51 mètres seulement, éjectant l'engin à 03h57 exactement. Après une chute d'une dizaine de minutes, Mascot s'est posé sur le sol très accidenté de l'astéroïde. 'Il a rebondi à la surface pendant environ dix minutes et s'est rapidement stabilisé', a indiqué Aurélie Moussi.
En revanche, 'il n'était pas sur la bonne face. Ses instruments regardaient vers le ciel', alors qu'il faut qu'ils soient tournés vers le sol pour fonctionner, a précisé Aurélie Moussi lors d'un point suivant. 'En urgence, nous avons pris le risque de déplacer Mascot pour le forcer à bouger, afin qu'il se remette sur la bonne face', raconte-t-elle. 'Waouh! Ryugu est si sombre que j'ai eu du mal à m'orienter', a expliqué Mascot sur Twitter.
Bonne position
Tout est rentré dans l'ordre: 'Mascot est désormais dans la bonne position', il fait tourner ses quatre instruments. 'Tout est pour le mieux', souligne la cheffe de projet.
Mascot va servir d''éclaireur', transmettant pendant sa courte vie des données à Hayabusa2 pour l'aider dans sa principale tâche prévue plus tard: jeter violemment sur Ryugu un projectile pour provoquer un choc en surface et collecter les poussières de ce corps céleste rocheux, qui contient du carbone et de l'eau.
Ces échantillons seront ensuite rapportés sur Terre fin 2020. 'Il est extrêmement important de recueillir des données directement de la surface de l'astéroïde, donc nous avons de grandes attentes', a souligné devant la presse un des responsables du projet au sein de la Jaxa, Makoto Yoshikawa.
Le but ultime est de contribuer à enrichir les connaissances de notre environnement spatial 'pour mieux comprendre l'apparition de la vie sur Terre', selon la Jaxa.
Les bons voeux de Philae
Mascot est doté de quatre instruments, dont un microscope infrarouge hyperspectral développé par l'Institut français d'astrophysique spatiale qui doit permettre d'analyser la composition minéralogique du sol. La mission, dotée d'un budget de 30 milliards de yens (260 millions de francs environ), s'est déroulée sans anicroche pour l'instant, loin des péripéties techniques du précédent projet Hayabusa (2003-2010) qui ont tenu le pays en haleine pendant sept ans jusqu'au succès final.
Elle a reçu les encouragements du petit robot Philae, qui avait fait un atterrissage historique sur une comète en 2014 dans le cadre de la mission européenne Rosetta, sous le regard fasciné du grand public, et qui a repris vie sur Twitter pour souhaiter 'bonne chance' à son 'pote'.
/ATS