Le chef du FBI Christopher Wray a défendu mardi au Sénat l'action de la police fédérale avant l'assaut du Capitole par des manifestants pro-Trump. Les informations sur des violences potentielles ont été transmises selon la 'procédure normale' aux autorités locales.
Environ 10'000 partisans de l'ex-président s'étaient massés le 6 janvier aux abords du Congrès, où les élus certifiaient la victoire de Joe Biden.
Face à des effectifs de police trop peu nombreux, environ 800 manifestants, selon les autorités, avaient réussi à s'introduire dans le Capitole, provoquant le chaos et une polémique sur le manque d'anticipation des forces de sécurité.
La veille de l'attaque, un rapport du bureau local du FBI à Norfolk (Virginie) avait bien alerté sur des appels à 'se battre', avait souligné fin février le chef de la police du Capitole, Steven Sund, qui a depuis démissionné. Mais le document, transmis dans la soirée à la police du Capitole, n'avait pas circulé en interne, avait-il assuré devant le Sénat.
Rapport rapidement transmis
Interrogé par la commission judiciaire du Sénat, Christopher Wray a au contraire affirmé que ce 'rapport de situation', qui rassemblait des éléments 'bruts, non vérifiés, et non corroborés, qui avaient été postés en ligne', a été 'rapidement' transmis 'à nos partenaires, dont la police du Capitole, et la police de Washington'.
De plus, il a été transmis de trois façons différentes: par message électronique, par oral aux services anti-terroristes locaux, et via un portail national interne aux forces de l'ordre. Cette démarche est 'consistante avec notre procédure normale', a assuré le directeur du FBI.
Les informations, même non vérifiées, étaient assez 'inquiétantes et spécifiques' pour faire l'objet d'un rapport, a-t-il expliqué. Les agents de Norfolk ont fait le 'jugement raisonnable' de communiquer leurs informations, 'même s'ils ne savaient pas si elles allaient se réaliser'.
Sous-estimation
Il a admis ne pas avoir de 'réponse adéquate' à la raison pour laquelle le rapport n'avait pas été transmis aux dirigeants de la police de la capitale.
Lors de leur audition au Sénat, les responsables de la sécurité du Capitole avaient estimé que les services de renseignement américains avaient sous-estimé les risques lors des manifestations du 6 janvier, si bien que le dispositif de sécurité n'était pas adapté pour contrer 'des criminels prêts pour la guerre'.
Les services fédéraux de renseignement avaient pointé 'un risque de violence' dont 'le Congrès serait la cible', mais n'avaient 'jamais mentionné un assaut coordonné', avait souligné l'ex-sergent d'armes de la Chambre des représentants, Paul Irving. Christopher Wray a assuré que la collecte d'informations devait être améliorée.
'Nous sommes très concentrés sur la façon d'obtenir de meilleures sources, de meilleures informations, de meilleures analyses, pour nous assurer que ce qui est arrivé le 6 janvier n'arrive plus jamais', a-t-il dit.
Miliciens et suprémacistes blancs
Le chef de la police fédérale a aussi balayé les allégations selon lesquelles les assaillants du Capitole étaient des militants antifascistes déguisés en partisans de Donald Trump.
'Nous n'avons pas jusqu'ici d'éléments sur des extrémistes anarchistes violents ou des gens associés aux antifascistes en connexion avec le 6 janvier', a-t-il dit.
Selon lui, les assaillants étaient en majorité des 'extrémistes violents membres de milices' et incluaient également 'des extrémistes violents motivés par le racisme et qui soutiennent le suprémacisme blanc'.
Cinq morts
Cinq personnes, dont un policier du Capitole, sont mortes lors de ce coup de force, et plus de 270 personnes sont poursuivies à des degrés divers pour leur participation à cette attaque, a précisé Christopher Wray.
Accusé d''incitation à l'insurrection' pour avoir appelé ses partisans à marcher sur le Congrès le 6 janvier, Donald Trump a finalement été acquitté au Sénat le 13 février, à l'issue d'un procès mené tambour battant. Il n'a jamais accepté le résultat de la présidentielle, estimant sans fondement que sa défaite était due à des fraudes massives.
/ATS