La justice danoise a confirmé mercredi en appel la condamnation de l'inventeur Peter Madsen à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat d'une journaliste suédoise à bord de son sous-marin artisanal en août 2017. Cet homme est décrit comme un 'pervers polymorphe'.
Cet homme de 47 ans avait interjeté appel de la durée de sa peine après sa condamnation à la prison à vie, en première instance en avril dernier, pour le meurtre avec préméditation, précédé de violences sexuelles, de Kim Wall, 30 ans.
L'affaire, unique dans les annales judiciaires du Danemark, a connu un retentissement médiatique sans précédent dans ce royaume. Sans être passé aux aveux, défendant bec et ongles la thèse de la mort accidentelle, ce quadragénaire connu dans son pays pour avoir construit des submersibles et des fusées n'a jamais pour autant contesté le verdict de culpabilité.
Son avocate, qui avait demandé de ramener sa peine à entre 14 et 16 ans de prison, a déclaré après la décision rendue en appel qu'elle allait étudier un éventuel recours auprès de la Cour suprême.
'Terriblement triste'
La Haute cour a motivé sa décision par le caractère 'particulièrement brutal' du crime et 'les circonstances aggravantes' que constitue selon elle sa 'préméditation minutieuse'.
'Il n'y a guère de peine trop sévère pour cet homme', a estimé à l'issue de l'audience le procureur Kristian Kirk. Auparavant, il avait toisé le condamné au cours de son réquisitoire, déclarant : 'Quand je regarde Peter Madsen (...) je ne vois pas de raisons de (lui infliger) une peine plus faible que la perpétuité'.
Comme en première instance, l'accusé a eu la parole en dernier. Et comme en première instance, il a prononcé cette phrase ambivalente : 'Je suis terriblement triste pour les proches de Kim de ce qui s'est passé'. L'adjectif triste, en danois, peut aussi se traduire par 'désolé'. Mais son conseil n'a eu de cesse de mettre en garde le public contre la tentation de l'interpréter comme une esquisse de pardon.
Pervers polymorphe
Le 10 août 2017, Peter Madsen avait embarqué au large de Copenhague dans son sous-marin artisanal Kim Wall qui projetait d'écrire un reportage sur ses aventures. Elle avait été portée disparue dans la nuit par son compagnon et son corps avait ensuite été retrouvé en mer, démembré.
Après avoir changé de version à plusieurs reprises, Peter Madsen avait affirmé au cours des débats que Kim Wall était morte intoxiquée par des émanations de monoxyde de carbone à l'intérieur du submersible. Pour les légistes en revanche, la jeune femme est 'probablement' morte à la suite d'un égorgement ou d'un étouffement.
De multiples blessures - 14 - ont été identifiées dans et autour des parties génitales de la jeune femme. En outre, le parquet a invoqué les outils inutiles à bord d'un sous-marin embarqués peu de temps avant les faits, dont une scie à bois, des sangles de valise et un tournevis affûté de 50 cm de long.
'Crime parfait'
Selon les psychiatres, Peter Madsen est un 'pervers polymorphe' mû par une sexualité morbide, dont la dangerosité est manifeste et le risque de récidive élevé. Ces expertises avaient fait forte impression malgré le manque de preuves matérielles irréfutables et l'état de décomposition avancée du corps qui n'a pas permis de déterminer les causes exactes de sa mort.
Des proches avaient témoigné que Peter Madsen rêvait de commettre le 'crime parfait' et l'analyse de ses téléphone et ordinateur avait été accablante : outre des dizaines de films mettant en scène des viols et des mises à mort de femmes, les enquêteurs avaient retrouvé des recherches sur internet avec les mots clés 'femmes', 'agonie', 'décapitation', effectuées quelques heures avant les faits.
La défense faisait valoir que les affaires dans lesquelles les auteurs d'un seul homicide sont condamnés à la perpétuité sont rares au Danemark, surtout si, comme Peter Madsen, leur casier judiciaire est vierge.
/ATS