L'effondrement des services de santé dans trois pays ouest-africains dévastés par Ebola pourrait avoir causé jusqu'à 11'000 décès supplémentaires dus au paludisme. Cette maladie est évitable et curable, estiment des chercheurs.
A ce chiffre s'ajoutent 3900 autres décès qui résulteraient d'interruptions de la fourniture de moustiquaires imprégnées d'insecticide, selon les données de modélisation des épidémies publiées vendredi dans la revue médicale britannique 'The Lancet'.
'L'épidémie d'Ebola en cours dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest a largement débordé les systèmes de santé déjà fragiles en 2014, rendant impossible des soins adéquats pour le paludisme', selon Patrick Walker de l'Imperial College de Londres, l'auteur principal de l'étude.
M. Walker et son équipe ont analysé des données d'enquêtes démographiques et de santé pour la prévention et les traitements du paludisme de 2000 à mars 2014 en Guinée, Sierra Leone et au Libéria.
Véritable impact causé par Ebola
Dans le pire des scénarios possibles, si l'épidémie Ebola avait interrompu tous les traitements du paludisme, l'augmentation des cas de paludisme non traités serait de 45% (1,6 million) en Guinée, de 88% (1,3 million) en Sierra Leone, et de 140% (520'000 cas) au Libéria en 2014. Les défaillances dans la fourniture de moustiquaires compteraient pour 840'000 autres cas.
Quelque 5600 décès en Guinée, 3900 en Sierra Leone et 1500 au Libéria résulteraient de l'absence de soins dans les cliniques et hôpitaux, estiment ainsi les auteurs. L'étude met 'en évidence la véritable ampleur de l'impact humanitaire causé par l'épidémie d'Ebola', selon M. Walker.
Le mois dernier, des chercheurs ont mis en garde sur une hausse probable de la rougeole et d'autres maladies dues à des campagnes de vaccination interrompues dans les trois pays, ce qui peut aboutir à une nouvelle urgence de santé publique.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 26'000 personnes ont été infectées par le virus Ebola depuis le début de l'épidémie fin 2013, et plus de 10'800 en sont mortes, la quasi-totalité d'entre elles en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.
/ATS