La police fédérale du Brésil a interpellé jeudi l'écrivain italien Cesare Battisti, ancien militant d'extrême gauche condamné pour des assassinats dans les années 1970, en vue de son expulsion ordonnée par un tribunal brésilien. Il a été relâché sept heures plus tard.
Son avocat a déposé un recours suspensif contre l'ordre d'expulsion émis à l'encontre de M. Battisti. Il avait été arrêté jeudi après-midi à son domicile d'Embu das Artes, un faubourg de São Paulo, par les policiers fédéraux.
Une juge fédérale avait ordonné le 3 mars l'expulsion de l'ancien militant, sentence qui avait remis en question une décision de la cour suprême. Il s'agit 'd'un étranger en situation irrégulière au Brésil et qui, en tant que criminel condamné dans son pays pour meurtre, n'a pas le droit de rester' au Brésil, avait statué la juge.
La magistrate soulignait que M. Battisti devait être expulsé au Mexique ou en France, pays où il s'est rendu après avoir fui l'Italie et avant de se réfugier au Brésil en 2004. Selon elle, cette décision n'est pas contradictoire avec celle de la cour suprême.
Réclusion à perpétuité
Cesare Battisti, 60 ans, est réclamé par l'Italie après avoir été condamné en 1993, par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970 - les années de 'plomb' du terrorisme -, crimes dont il se dit innocent.
M. Battisti a toujours dit à ses avocats 'n'avoir aucune intention de quitter le Brésil', où il a vécu dans la clandestinité de 2004 à 2007, date de son arrestation à Rio de Janeiro. Il avait commencé à y refaire sa vie, après 30 ans de fuite au Mexique et en France où il est devenu auteur de romans policiers.
Incarcéré pendant quatre ans près de Brasilia, M. Battisti avait été libéré le 9 juin 2011, quelques heures après le rejet par la cour suprême d'une demande d'extradition de l'Italie, provoquant la colère de Rome.
Les juges ont estimé que l'Italie ne pouvait contester la décision 'souveraine' de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva qui, au dernier jour de son mandat le 31 décembre 2010, avait refusé de l'extrader vers l'Italie. En représailles, l'Italie avait rappelé son ambassadeur à Brasilia. Le 22 juin 2011, le conseil national de l'immigration lui avait accordé un permis de résidence permanente dans le pays.
/ATS