Le premier vaccin contre la malaria, testé dans trois pays africains, pourra être utilisé pour tous les enfants. Après un avis favorable de deux groupes d'experts indépendants, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé mercredi à Genève cette utilisation.
'C'est un jour historique', a affirmé à la presse le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le vaccin est 'sûr' et réduit de 30% les cas graves, a-t-il ajouté. Il pourra être utilisé dès 5 mois avec quatre doses dans les régions à propagation moyenne ou élevée de la pathologie, surtout en Afrique.
M. Tedros a salué une avancée 'pour la science, pour la santé des enfants et pour le contrôle de la malaria'. Pour autant, comme pour la pandémie de coronavirus, le vaccin ne constitue pas à lui seul la solution. Les autres instruments devront être maintenus.
'La plus grande part des effets du vaccin est observée avec les trois premières doses', a relevé la directrice du département de la vaccination à l'OMS. Autre indication, le vaccin empêche quatre cas sur dix auprès des moins de deux ans. L'OMS souhaiterait une immunisation 'à 95%', mais une telle efficacité ne sera pas atteinte rapidement, a admis le directeur du programme mondial contre la malaria à l'OMS, Pedro Alonso.
Selon les tests menés dans trois pays africains, le vaccin permet d'augmenter l'accès équitable à la prévention de la malaria. L'immunisation n'a pas eu non plus d'effet sur les campagnes de vaccination contre d'autres pathologies.
Nombreuses doses testées
En revanche, quelques effets secondaires ont été observés, comme de la fièvre qui peut mener dans certains cas à des convulsions. Mais aucun problème important n'a été détecté dans cette campagne d'immunisation.
'C'est un moment très excitant' dans la lutte contre la malaria, selon M. Alonso. Près de 2,5 millions de doses ont été administrées depuis deux ans dans les trois pays africains et plus de 800'000 enfants au total ont reçu au moins une d'entre elles.
'Il est possible' de mener une large immunisation, selon la directrice du département de la vaccination à l'OMS. Mais difficile pour le moment de dire quand celle-ci pourra être massivement lancée en Afrique.
Centaines de milliers de victimes par an
Il faudra des investissements importants qui pourraient être lancés par l'Alliance mondiale de la vaccination (GAVI), établie à Genève. 'Les prochains mois vont être très importants', selon le directeur du programme contre la malaria.
L'acceptation par les populations a été considérable pendant les tests qui ont été menés. La demande sera probablement forte en cas de validation, selon M. Alonso. Au total, plus de 400'000 personnes décèdent chaque année de la malaria, dont plus de 250'000 sont en Afrique et ont moins de 5 ans.
L'OMS estime que d'autres vaccins contre la malaria dépasseront à l'avenir l'impact de celui qui a été testé dans les trois pays. Certains sont en cours de fabrication mais 'il y a encore du travail', a estimé la présidente de l'un des deux groupes d'experts indépendants qui ont donné une recommandation favorable à l'OMS.
/ATS