Un important chef du mouvement libanais Hezbollah a été tué vendredi dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth qui a fait au moins 14 morts. Le front de la guerre se déplace de plus en plus de la bande de Gaza vers le Liban.
Ce raid constitue un nouveau coup dur pour le Hezbollah après une série d'explosions meurtrières, imputées à Israël, ayant visé cette semaine ses systèmes de transmission. 'Très inquiète', l'ONU a appelé vendredi à la 'désescalade' et à la 'retenue maximale'.
'Des avions de combat de l'armée de l'air israélienne ont effectué une frappe ciblée [...] éliminant Ibrahim Aqil, chef de l'unité des opérations du Hezbollah, commandant de l'unité Radwan', a déclaré un porte-parole de l'armée. Une 'dizaine de commandants' du Hezbollah, 'responsables des tirs de roquettes quotidiens' sur Israël, avaient été tués dans le raid, a-t-il ajouté.
Le Hezbollah a confirmé dans la soirée la mort d'Ibrahim Aqil. Aqil, 'un de nos grands dirigeants', a été tué 'sur la route de Jérusalem', selon la formule utilisée par le Hezbollah pour désigner les victimes d'Israël. Une source proche du Hezbollah a indiqué plus tôt qu'il avait été tué 'lors d'une réunion avec des commandants'.
Recherché par Washington
Quatorze personnes ont péri dans le raid et 66 autres ont été blessées, dont neuf grièvement, selon le ministère libanais de la santé. Les secouristes s'attendent à découvrir davantage de victimes sous les décombres, a-t-il ajouté.
Il s'agit du deuxième haut commandant militaire du Hezbollah éliminé par Israël depuis que le mouvement pro-iranien a ouvert le front du sud du Liban il y a près d'un an, en soutien au Hamas palestinien dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza.
Les Etats-Unis avaient offert une récompense de 7 millions de dollars pour toute information sur Ibrahim Aqil, qui était recherché par Washington pour son implication dans les sanglants attentats anti-américains de Beyrouth en 1983.
'Le ciblage d'une zone résidentielle peuplée prouve une fois de plus que l'ennemi israélien ne tient compte d'aucune considération humanitaire', a dénoncé le premier ministre libanais, Najib Mikati.
Le Hamas a condamné une 'agression violente et terroriste' et l'Iran une 'violation flagrante [...] de l'intégrité territoriale' du Liban, alors que l'armée israélienne a assuré ne pas rechercher 'une large escalade' dans la région. 'Nos ennemis n'ont aucun lieu où se réfugier, pas même la banlieue de Beyrouth', a répondu le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant.
140 roquettes tirées
Après les explosions mardi et mercredi des appareils de transmission utilisés par des membres du Hezbollah, qui ont fait 37 morts et 2931 blessés, les échanges de tirs se sont intensifiés depuis jeudi entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste.
L'armée a annoncé vendredi qu'environ 140 roquettes avaient été tirées du Liban vers Israël à la mi-journée. Le Hezbollah a revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs sites militaires israéliens, dont une base des renseignements.
Jeudi soir, Israël avait multiplié les raids aériens dans le sud du Liban. Selon l'agence de presse libanaise ANI, l'aviation israélienne a frappé la région une cinquantaine de fois.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré jeudi qu'Israël allait recevoir 'un terrible châtiment' après les deux vagues d'explosions. Israël n'a pas commenté ces attaques, survenues dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l'est du Liban, bastions du Hezbollah.
Plainte à l'ONU
Le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, a annoncé le dépôt d'une plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU suite à 'l'agression cyberterroriste israélienne qui constitue un crime de guerre'.
Le droit international 'interdit' l'utilisation d'appareils 'piégés' ayant l'apparence d'objets 'inoffensifs', a lancé vendredi devant le Conseil de sécurité le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.
La première vague d'explosions de bipeurs est survenue mardi peu après l'annonce par Israël qu'il étendait ses objectifs de guerre jusqu'au front nord, c'est-à-dire la frontière avec le Liban, pour permettre le retour chez eux de dizaines de milliers d'habitants déplacés par les violences.
Pendant ce temps, les bombardements se poursuivent sur la bande de Gaza assiégée, où deux frappes israéliennes ont fait au moins 14 morts vendredi matin, selon la défense civile.
/ATS