Les négociations en cours en vue de former un gouvernement allemand se sont de nouveau achevées samedi soir sans progrès apparent. Cette impasse persistante fait craindre une crise politique majeure synonyme d'instabilité pour le pays et l'Europe.
Après quatre semaines de discussions, les trois formations concernées affichent des positions encore très éloignées. Les pourparlers achoppent principalement sur la question de l'immigration et du changement climatique.
L'Union chrétienne-sociale (CSU) - l'alliée bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel - demande notamment que le nombre de réfugiés accueillis ne dépasse pas 200'000 par an.
La CSU craint sinon d'être devancée par la formation d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) lors des élections régionales qui auront lieu en Bavière l'an prochain. Mais les Verts ne veulent pas entendre parler d'un tel plafond.
En ce qui concerne le climat, les Verts veulent une réduction des émissions de gaz à effet de serre, que les deux autres formations, les conservateurs de la CDU-CSU et le Parti libéral-démocrate (FDP), considèrent comme ruineuse sur le plan économique.
Recul sur l'environnement
Samedi, la plupart des responsables de partis semblaient donc plutôt pessimistes. La co-présidente des Verts, Simone Peter, a déclaré qu'une grande partie des points d'accord qui avaient été trouvés en matière de politique des émissions a été défait. Elle n'a pas donné de précisions.
La date-butoir que s'étaient imposés les négociateurs pour conclure leurs discussions exploratoires et enclencher les négociations formelles, à savoir jeudi dernier, a été dépassée sans qu'un accord soit trouvé. Une situation qui a contraint les conservateurs à promettre aux Verts que de nouvelles concessions leur seraient faites en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
'Dimanche à 18h00, c'est fini. Ce week-end, il faut décider', a prévenu de son côté Christian Lindner, chef de file du FDP.
Les présidents de trois organisations majeures du patronat allemand (BDI, DIHK et BDEW) se sont eux-aussi dits 'très inquiets' dans un communiqué. Ils ont dit redouter que les tractations ne débouchent sur 'des accords qui auront un impact négatif sur la croissance et l'emploi'.
Honorer sa mission
Chargé de représenter l'unité nationale, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé les partis engagés dans les tractations à prendre en compte l'intérêt supérieur du pays pour surmonter leurs divergences. Il les a exhortés 'à prendre conscience de leur responsabilité', ce qui signifie 'ne pas rendre aux électeurs la mission qui est la leur'.
Car en cas d'échec dimanche soir, l'Allemagne devra probablement convoquer de nouvelles élections législatives après celles de fin septembre. Une situation qui plongerait le pays dans l'incertitude. 'Je ne peux imaginer (qu'ils) puissent sérieusement attiser le risque de provoquer de nouvelles élections', a déclaré M. Steinmeier dans un entretien à paraître dimanche dans Die Welt.
Merkel joue gros
Angela Merkel joue gros ce week-end. Elle n'a pas d'autres partenaires possibles à la chambre des députés pour former une coalition majoritaire. Et elle a exclu l'hypothèse d'un gouvernement minoritaire.
/ATS