La présidence turque a déclaré vendredi que Barack Obama l'avait assurée de son soutien dans le conflit syrien au cours de la journée. Quelques heures plus tôt, un échange tendu avait eu lieu entre les deux alliés sur le rôle des milices kurdes en Syrie.
Ankara a fait état d'une conversation téléphonique d'une heure et vingt minutes pendant laquelle le président américain a déclaré à son homologue turc Tayyip Erdogan qu'Ankara avait le droit à l'autodéfense. Barack Obama a exprimé sa préoccupation face à la progression des forces kurdes dans le nord-ouest de la Syrie.
Selon la Maison Blanche, ce dernier a dit à son interlocuteur que les miliciens des YPG (Unités de protection du peuple) ne devaient pas chercher à exploiter les gains récents de l'armée syrienne pour s'emparer de nouveaux territoires.
Le président des Etats-Unis a toutefois également demandé à Ankara de faire preuve de 'retenue réciproque' en arrêtant de bombarder les positions des YPG en Syrie, indique un communiqué.
La Turquie accuse les YPG d'avoir commis l'attentat qui a fait 28 morts, des soldats pour la plupart, mercredi à Ankara. Mais les YPG ont démenti et l'attaque a été revendiquée vendredi par un groupe kurde dissident du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Dans la journée, Tayyip Erdogan a mis en cause son allié américain en déclarant que des armes fournies par les Américains aux YPG avaient été utilisées contre des civils. Le département d'Etat, qui considère les YPG comme un allié précieux dans la lutte contre le groupe Etat islamique, a répondu que les Etats-Unis n'avaient fourni 'aucune arme d'aucune sorte' aux Unités de protection du peuple.
Pour l'EI ou le PYD
Devant des journalistes à Istanbul, Erdogan s'est déclaré déçu que les Occidentaux ne classent pas le PYD (Parti de l'Union démocratique), qu'Ankara voit comme une filiale syrienne du PKK, comme organisation terroriste. Les YPG sont le bras armé du PYD.
'Je lui dirai: 'Regardez à quoi ces armes que vous avez fournies ont servi',' a déclaré le président turc en évoquant sa conversation à venir avec Barack Obama.
'Il y a plusieurs mois, je lui ai dit que les Etats-Unis fournissaient des armes. Trois cargaisons d'avion sont arrivées, la moitié a fini entre les mains de Daech et l'autre moitié entre les mains du PYD', a affirmé Tayyip Erdogan. 'Contre qui ces armes ont-elles été utilisées? Contre des civils.'
Le président turc semblait faire allusion à l'envoi par avion, fin 2014, d'une aide militaire aux combattants kurdes luttant contre l'EI près de Kobani. Le Pentagone avait alors reconnu qu'un des 28 'paquets' alors parachutés avait été récupéré par Daech, ajoutant par la suite qu'il avait détruit cette aide ensuite lors d'une frappe aérienne.
/ATS